Un an après l'incendie du bus à Marseille, Mama Galledou témoigne
Mama est une miraculée. Le 28 octobre 2006, son corps a été brûlé à 62% dans l'incendie criminel du bus n°32 à bord duquel elle voyageait, dans les quartiers nord de Marseille. Ses agresseurs : huit gamins, mineurs au moment des faits. Elle ne comprend toujours pas pourquoi ils l'ont "laissée brûler", elle est toujours en colère et ne pardonne pas.
Depuis un an, l'étudiante de 26 ans réapprend à vivre, avec un courage qui force l'admiration. "J'avance petit à petit" déclare t-elle d'une voix calme, posée. Mama Galledou a subi huit greffes et en attend encore d'autres. Elle vit dans une souffrance permanente, porte des vêtements compressifs, pour compenser les déséquilibres thermiques dûs à la brûlure : son corps passe instantanément du brûlant au glacial. "Le moindre petit geste est une rééducation" : marcher, manger, parler... C'est dur, mais "il n'est pas question que ma vie s'arrête, j'ai pas mal de choses à rattraper" explique la jeune femme. Mama sait que cette rééducation prendra du temps, les médecins pensent qu'elle en a encore pour une année avant que son état se stabilise. Mais peu importent les infections, les séquelles, les moments de déprime, le cauchemar de la brûlure, il faut aller de l'avant. "Parfois, je me dis que je vais me réveiller", confie t-elle d'une voix qui trébuche soudain. "Tu es éveillée, ma fille, tu es éveillée. Vas-y, avance", lui répond sa famille. Très entourée par ses proches, Mama veut "profiter de l'instant présent", sans trop se retourner sur l'agression dont elle a été victime.
Le 28 septembre, le tribunal pour enfants de Marseille a condamné deux jeunes âgés de 15 et 16 ans, pour leur participation à l'incendie du bus n°32. Six autres prévenus comparaîtront du 3 au 7 décembre devant la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône. Ils encourent une peine de 30 ans de prison.
Anne Jocteur Monrozier
_ Remerciements à Alain Molla et Jean Boudot, avocats de Mama Galledou
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.