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Tuerie de Haute-Savoie : la "guerre des polices" est relancée

Si la fillette de quatre ans n'a été retrouvée vivante que huit heures après la tuerie, c'est parce que la scène de crime a été "gelée" jusqu'à l'arrivée d'une équipe d'experts en recherche criminelle de la gendarmerie, descendue de Paris. Le syndicat de policiers Synergie critique ce choix, et relance la "guerre des polices".
Article rédigé par
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min.
  (Norbert Falco Maxppp)

Dès la découverte de la tuerie, c'est
la gendarmerie qui se rend sur les lieux, parce que c'est une zone qui relève
de sa compétence : un parking forestier de la commune de Chevaline, près d'Annecy
(Haute-Savoie). Tout naturellement, le procureur de la République d'Annecy
confie officiellement les investigations à la section de recherches de la
gendarmerie de Chambéry.

Les gendarmes demandent aussitôt l'appui
d'experts en recherche criminelle (Institut de recherche criminelle de la
gendarmerie nationale, IRCGN
), qui sont basés en région parisienne. En
attendant leur arrivée, la scène de crime est "gelée", barricadée, interdite d'accès, et aucun élément n'est
bougé.

Le temps de faire descendre les "experts" de Rosny-sous-Bois
(Seine-Saint-Denis) et de commencer à investiguer sur la scène de crime, la
fillette, seule survivante indemne du drame, ne sera découverte, cachée dans la
voiture sous un amas de bagages, que vers minuit
, soit huit heures après les faits.

La police scientifique à une heure de voiture

Dans un communiqué, le syndicat d'officiers
de police Synergie *"constate"

  • que l'IRCGN "n'est
    pas en mesure d'intervenir dans des délais raisonnables sur l'intégralité de
    notre territoire
    [...] Pourquoi les autorités de la gendarmerie nationale
    n'ont pas fait appel aux techniciens de l'Institut national de la police
    scientifique
    situé à Ecully (Rhône), soit à une heure de route de la scène de
    crime de Haute-Savoie ?"
    (et quelques dizaines de minutes d'hélicoptère),
    interroge Synergie.

    Le syndicat de policiers "dénonce l'ineptie d'un système dual et
    dispendieux qui confine au ridicule".

Un délai qui s'explique

Pour le colonel François Daoust, le directeur de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, une "scène de crime n'est pas abordée à la légère" . Selon lui, "il n'y a qu'un seul délai à avoir en tête, c'est prendre le temps de faire des prélèvements".

Pour le colonel, "tous ceux qui disent qu'il faut aller vite, et bien on écrase des éléments et on perd des indices". Le début de polémique qui entoure la découverte de la fillette est "un faux problème". "Demain on ne respecte pas le protocole et bien les experts et les enquêteurs seront remis en cause",  détaille-t-il.

Par ailleurs, les enquêteurs insistent de leur côté sur l'importance de confier l'examen d'une telle scène de crime aux spécialistes de l'IRCGN, habitués à procéder aux analyses techniques dans les affaires criminelles les plus complexes.

Une polémique identique avait été lancée fin mars lors de l'assaut donné à la planque de Mohamed Merah : le fondateur du GIGN (gendarmerie) Christian Prouteau avait critiqué l'option choisie par le RAID (police) lors de l'opération.
Le placement de la gendarmerie sous l'autorité opérationnelle du ministre de l'Intérieur, en 2009, n'a pas calmé les guerres de territoire que se livrent services de police et de gendarmerie.

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