Dès la découverte de la tuerie, c'estla gendarmerie qui se rend sur les lieux, parce que c'est une zone qui relèvede sa compétence : un parking forestier de la commune de Chevaline, près d'Annecy(Haute-Savoie). Tout naturellement, le procureur de la République d'Annecyconfie officiellement les investigations à la section de recherches de lagendarmerie de Chambéry.Les gendarmes demandent aussitôt l'appuid'experts en recherche criminelle (Institut de recherche criminelle de lagendarmerie nationale, IRCGN), qui sont basés en région parisienne. Enattendant leur arrivée, la scène de crime est "gelée", barricadée, interdite d'accès, et aucun élément n'estbougé. Le temps de faire descendre les "experts" de Rosny-sous-Bois(Seine-Saint-Denis) et de commencer à investiguer sur la scène de crime, lafillette, seule survivante indemne du drame, ne sera découverte, cachée dans lavoiture sous un amas de bagages, que vers minuit, soit huit heures après les faits.La police scientifique à une heure de voitureDans un communiqué, le syndicat d'officiersde police Synergie *"constate" que l'IRCGN "n'estpas en mesure d'intervenir dans des délais raisonnables sur l'intégralité denotre territoire [...] Pourquoi les autorités de la gendarmerie nationalen'ont pas fait appel aux techniciens de l'Institut national de la policescientifique situé à Ecully (Rhône), soit à une heure de route de la scène decrime de Haute-Savoie ?" (et quelques dizaines de minutes d'hélicoptère),interroge Synergie. Le syndicat de policiers "dénonce l'ineptie d'un système dual etdispendieux qui confine au ridicule".Un délai qui s'expliquePour le colonel François Daoust, le directeur de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, une "scène de crime n'est pas abordée à la légère" . Selon lui, "il n'y a qu'un seul délai à avoir en tête, c'est prendre le temps de faire des prélèvements".Pour le colonel, "tous ceux qui disent qu'il faut aller vite, et bien on écrase des éléments et on perd des indices". Le début de polémique qui entoure la découverte de la fillette est "un faux problème". "Demain on ne respecte pas le protocole et bien les experts et les enquêteurs seront remis en cause", détaille-t-il.Par ailleurs, les enquêteurs insistent de leur côté sur l'importance de confier l'examen d'une telle scène de crime aux spécialistes de l'IRCGN, habitués à procéder aux analyses techniques dans les affaires criminelles les plus complexes.Une polémique identique avait été lancée fin mars lors de l'assaut donné à la planque de Mohamed Merah : le fondateur du GIGN (gendarmerie) Christian Prouteau avait critiqué l'option choisie par le RAID (police) lors de l'opération.Le placement de la gendarmerie sous l'autorité opérationnelle du ministre de l'Intérieur, en 2009, n'a pas calmé les guerres de territoire que se livrent services de police et de gendarmerie.