Saint-Etienne-du-Rouvray, un secteur déjà connu pour des cas de radicalisation
Avant même l'assassinat d'un prêtre dans une église, le nom de la commune de Saint-Etienne-du-Rouvray est déjà apparu dans le cadre d'enquêtes sur des individus radicalisés et des personnes ayant tenté de partir en Syrie.
Après l'horreur de l'attaque terroriste dans une église de Saint-Etienne-de-Rouvray (Seine-Maritime) revendiquée par le groupe Etat islamique mardi 26 juillet, se pose la question de la radicalisation de ses auteurs et de leurs parcours. Selon des informations d'iTélé et de Marianne, l'un des deux tueurs habitait chez ses parents dans cette commune poche de Rouen et était déjà connu des services antiterroristes. Il avait tenté de rallier la Syrie en 2015 et avait été mis en examen à son retour pour "association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste". Il avait ensuite été placé en détention provisoire, avant d'être laissé en liberté sous bracelet électronique. Un profil qui ne semble pas isolé dans ce secteur de la banlieue de Rouen et, plus largement, de la Seine-Maritime.
Maxime Hauchard, le bourreau de l'Etat islamique
D'autres individus radicalisés sont originaires de la région. Le plus connu d'entre eux est Maxime Hauchard, un converti à l'islam, identifié fin 2014 comme l'un des bourreaux du groupe Etat islamique. Aujourd'hui âgé de 24 ans, il a grandi dans la commune de Le-Bosc-Roger-en-Roumois (Eure), à une trentaine de kilomètres de Rouen. C'est en novembre 2014 que la France le découvre avec effroi sur une vidéo diffusée par le groupe terroriste. Barbe fournie, en treillis et couteau à la main, il participe à la mise en scène de la décapitation de l'otage américain Peter Kassig et de 18 prisonniers membres de l'armée syrienne. L'enquête révélera que le jeune homme avait fréquenté, avant de partir en Syrie, les mosquées d'Elbeuf et de Saint-Etienne-du-Rouvray et avait attiré avec lui un autre jeune de son village, parti "étudier la théologie" en Arabie saoudite en 2012.
"Il est loin d’être le seul de la région à être déjà parti", assuraient à l'époque des sources judiciaires au Monde. Les mosquées d’Elbeuf et de Saint-Étienne-du-Rouvray sont placées sous surveillance et plusieurs individus qui se trouvent dans le collimateur de la justice sont interpellés le 4 novembre 2014. Il s'agit d'un homme, de son épouse et de sa belle-sœur, tous habitant à Saint-Pierre-lès-Elbeuf, près de Rouen. L'homme de 23 ans est soupçonné d'avoir envisagé de se rendre en Syrie et d'être en contact avec des gens qui y sont déjà. Un autre jeune Normand, Jordan, 22 ans, originaire de Vernon (Eure), aurait quant à lui déjà rejoint les rangs du groupe Etat islamique. Il fréquentait, lui aussi, la même mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray, rapporte Le Parisien.
En mai 2014, une jeune fille de 16 ans, domiciliée près de Dieppe (Seine-Maritime), a été interpellée dans un train à destination du sud de la France, suspectée de vouloir rejoindre la Syrie, rapporte 76actu. En janvier 2015, c'est une autre jeune fille de 15 ans qui a été arrêtée en Belgique, elle aussi soupçonnée d'être candidate au jihad.
Pas de "filière normande" pour le préfet
Peut-on pour autant parler d'une filière jihadiste localisée dans cette zone ? En novembre 2015, le préfet de Seine-Maritime réfutait le terme "de filière normande". La cellule en charge d’observer les phénomènes de radicalisation en Seine-Maritime avait néanmoins identifié 140 personnes à risque. Trente, "susceptibles de faire le jihad" faisait alors l’objet d’une "surveillance particulière" par les services de renseignement. Trois d’entre elles étaient assignées à résidence et placées sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire, dont une qui avait été interceptée alors qu’elle tentait de quitter la France. L'enquête devra déterminer si ce dernier individu est impliqué dans l'assassinat du prêtre Jacques Hamel.
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