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Saint-Etienne-du-Rouvray : trois questions sur la sécurisation des églises en France

Après la mort d'un prêtre lors d'une attaque terroriste qui a visé une église près de Rouen, mardi, francetv info revient sur la sécurisation des lieux de culte dans l'Hexagone.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) et son église, frappée par un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique, le 26 juillet 2016. (FRANCOIS MORI / AP / SIPA)

Deux hommes ont attaqué une église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), mardi 26 juillet. Les deux terroristes, se revendiquant du groupe Etat islamique (EI), ont été abattus, après avoir égorgé un prêtre et blessé grièvement un paroissien. Un nouvel attentat qui pose la question de la sécurité des lieux de culte en France.

Les églises sont-elles des cibles prioritaires de l'Etat islamique ?

Dans sa propagande et ses communiqués, l'EI vise régulièrement les dirigeants "croisés" occidentaux et "le royaume de la Croix". Parmi les cibles régulièrement citées par le groupe terroriste, les lieux de culte. Dans l'un de ses magazines de propagande diffusés en français, Dar Al Islam, l'EI appelle ainsi ses partisans à viser notamment les synagogues et les églises.

"Avec l'EI, l'Eglise est très vite devenue une cible. On joue sur la fracture entre les deux religions", explique sur BFMTV Jean-Paul Rouiller, du Centre genevois d'analyse du terrorisme. "Daech [acronyme arabe désignant le groupe Etat islamique] a pour but d’exacerber la confrontation entre l’Occident et le monde arabe, entre musulmans et chrétiens. Les consignes sont claires : il faut s’en prendre aux chrétiens", observait également, en avril 2015, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE.

Quel est le dispositif mis en place pour les protéger ?

En avril 2015, après l'arrestation de Sid Ahmed Ghlam, un étudiant algérien de 24 ans, qui comptait attaquer une église dans le Val-de-Marne, le gouvernement avait annoncé une "adaptation" du dispositif Vigipirate pour sécuriser les lieux de culte catholiques.

Dans le cadre de l'opération Sentinelle, qui mobilise 10 000 personnes, 3 068 sites à caractère religieux sont déjà protégés, indique un rapport parlementaire sur les moyens mis en œuvre par l’Etat pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015. Dans le détail, il s'agit de 1 227 sites chrétiens, 1 047 sites musulmans et 794 sites juifs, a précisé Sébastien Pietrasanta, député socialiste rapporteur de la commission d'enquête sur les attentats.

Pas question pour autant de fermer les lieux de culte catholiques : "La France a un patrimoine chrétien exceptionnel, ses cathédrales, ses églises, ses chapelles attirent des touristes, des pèlerins, avait souligné Manuel Valls, en avril 2015. Ce patrimoine doit être protégé mais il doit rester ouvert."

Est-il possible de protéger tous les lieux de culte ?

Il semble illusoire, pour ne pas dire impossible, de vouloir protéger la totalité des 45 000 églises catholiques que compte la France, églises auxquelles s'ajoutent 4 000 temples protestants (dont 2 600 évangéliques), et 150 lieux de culte orthodoxes.

"Assurer la surveillance de certaines églises, considérées comme sensibles, c’est possible. Mais surveiller toutes les églises de France, c’est impossible, complètement irréel", avait réagi Philippe Capon, du syndicat Unsa-Police, auprès de 20 Minutes, en avril 2015.

D'après Le Monde, il n'y a pas assez de personnels au sein de la police, de la gendarmerie et des trois armées (terre, air et marine) pour espérer protéger l’ensemble des sites. Et d'ajouter : "Il faudrait faire appel à la réserve opérationnelle, qui comprend 174 000 personnes mobilisables."

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