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Attentat à Strasbourg : "Il y a une forme d'héroïsation de la figure du terroriste, c'est d'autant plus difficile pour les victimes", estime Juliette Méadel

L'ancienne secrétaire d'État à l'Aide aux victimes a réagi mercredi soir sur franceinfo, au lendemain de l'attaque sur le marché de Noël de Strasbourg.

Article rédigé par franceinfo
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L'ancienne secrétaire d'État à l'Aide aux victimes Juliette Méadel, le 8 février 2017. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Il y a une forme d'héroïsation de la figure du terroriste", a réagi mercredi 12 décembre sur franceinfo Juliette Méadel, ancienne secrétaire d’État chargée de l'Aide aux victimes de février 2016 à mai 2017, après l'appel à témoins lancé mercredi pour aider aux recherches du tueur présumé de Strasbourg, Chérif Chekatt, dont le portrait a été diffusé. Les victimes "ont parfois le sentiment qu'on parle beaucoup plus du terroriste que de ce qu'elles ressentent", explique Juliette Méadel.

L'ancienne secrétaire d’État chargée de l'Aide aux victimes souligne également que la prise en charge psychologique des victimes est "essentielle", mais selon elle, "il n'y a pas assez" de psychiatres "formés au psycho-traumatisme".

franceinfo : Est-ce compliqué pour les victimes d'entendre le nom de celui qui a commis l'attentat et de voir son visage ?

Juliette Méadel : C'est l'une des douleurs. Il est vrai que, non seulement, le nom, c'est difficile à entendre, mais ce qui est terrible, c'est de voir le visage puisque la traque est lancée. D'avoir le visage publié partout, c'est difficile d'abord parce qu'on donne une publicité à ces terroristes, c'est exactement ce qu'ils cherchent. D'une certaine manière, pour certains, il y a une forme d'héroïsation de la figure du terroriste. Et c'est d'autant plus difficile pour les victimes que, elles, elles restent pour le moment anonymes, et c'est tant mieux, et elles ont parfois le sentiment qu'on parle beaucoup plus du terroriste, de sa personnalité, de son visage que de ce qu'elles, elles ressentent. C'est effectivement une douleur qui ajoute à la douleur.

La prise en charge psychologique des victimes et des familles de victimes, cela commence dès les premières heures ?

C'est essentiel. L'aide aux victimes, c'est à la fois dans les minutes qui suivent le drame et ensuite dans la durée. Mais ce qu'il faut, c'est que, dès lors que le drame survient et dès que la cellule interministérielle est déclenchée par le Premier ministre, il faut que tout le dispositif se mette en place. Aujourd'hui, il n'y a plus de ministre chargé des victimes. Je le regrette. Je pense que cela permet de déclencher les choses et de les suivre. Il faut veiller à ce qu'il y ait suffisamment de psychiatres dans les cellules d'urgence médico-psychologiques (CUMP). Il faut éviter que les victimes fassent la queue pour avoir une consultation. Il faut ensuite qu'il y ait rapidement le centre d'accueil des familles qui ouvre, avec des psychiatres, les associations d'aide aux victimes, les informations nécessaires pour préparer les procédures d'indemnisation, et surtout un soutien moral.

La présence de l'État pendant les années après le drame est aussi nécessaire ?

Les psychiatres doivent être formés au psycho-traumatisme. Il n'y en a pas assez qui soient formés. Probablement sur le marché de Strasbourg il y a des enfants qui ont assisté à la scène. Un enfant a besoin d'un soin prodigué par un pédopsychiatre et en plus il doit être formé au psycho-traumatisme. Cela fait deux spécialisations et il y en a peu. L'État doit assurer les formations, doit assurer la présence en nombre de psychiatres dans les cellules d'urgence médico-psychologiques et doit assurer ensuite sur la durée. Après les funérailles se déclenche la phase de suivi sur le long terme où la CUMP se désactive, puisqu'on n'est plus dans l'urgence. Mais il faut néanmoins qu'un certain nombre de psychiatres soient toujours présents dans les hôpitaux et en médecine de ville pour assurer à long terme le suivi des victimes.

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