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Didier Le Bret : la journée nationale pour les victimes des attentats "aide à passer à autre chose"

Didier Le Bret, coordinateur national du renseignement à la présidence française, a commenté la journée nationale pour les victimes des attentats. "Il ne faut pas oublier ce qui s'est passé" a-t-il expliqué.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Didier Le Bret, coordinateur national du renseignement à la présidence française (Radio France)

Ce lundi 19 septembre est la journée nationale pour les victimes des attentats. Une cérémonie pour l'occasion a été organisée aux Invalides autour de François Hollande et des membres de l'opposition. Pour Didier Le Bret, coordinateur national du renseignement à la présidence française, invité lundi de franceinfo, cette journée aide les victimes "à passer à autre chose."

Quelle est l'utilité de cette journée nationale ?

Didier Le BretIl faut à la fois de la mémoire. Il ne faut pas oublier ce qui s'est passé. C'est important pour la reconstruction des victimes. Il faut les aider à passer à autre chose.

Vous avez dit qu'il ne pouvait avoir une obligation de résultat dans la lutte contre le terrorisme. Que voulez-vous dire ?

Je pense que les Français le comprennent. Il n'y a aucun tour de passe-passe qui tout d'un coup transforme une société ouverte, une démocratie vivante, en une forteresse qui serait à l'abri d'assauts qui viendraient de l'extérieure.

Est-ce qu'il ne faudrait pas réformer les services de renseignement en France pour gagner en efficacité ?

Tous les six mois vous trouverez des gens pour vous expliquer qu'il faut tout reconstruire. Moi au contraire, je crois qu'il faut être très concentré sur ce qu'on fait. Les réformes doivent se faire. (…) Mais il faut se garder de tout mouvement brusque parce que vous avez des gens qui travaillent. Ils ne vont pas passer leur temps à se reformer pour le plaisir de se réformer. Vous avez deux agences principalement en France qui travaillent contre le terrorisme : la DGSE et la DGSI. Ce n'est pas 16 agences des Etats-Unis où effectivement il fallait remettre à plat le dispositif.

Comment jugez-vous l'idée d'un parquet anti-terroriste à l'image d'un parquet financier ?

La surenchère politicienne sur ces questions est mortifère. Elle est mortifère parce que les Français attendent qu'une seule chose de la classe politique, c'est l'unité autour de ces questions. Si la classe politique se divise, et on peut le comprendre à moins d'un an de la campagne, cela fragilise la résilience collective des Français. Il y a une responsabilité majeure des responsables politiques sur ce sujet.

La serveillance des personnes signalées vous semble-t-elle efficace?

Il y a 14 000 personnes qui font l'objet d'un suivi. Sur ces 14 000 personnes, d'expérience, vous avez pratiquement 20 % de personnes qui sont là parce qu'elles ont été pointées du doigt pour un comportement étrange. Au bout de quelques semaines d'étude du cas, on évacue le dossier par qu'il ne représente pas de menace particulière. On ne peut pas partir du principe que toute personne faisant l'objet d'un signalement est un criminel en puissance. Ce qui me préoccupe d'avantage que les signalements, ce sont ceux qui sont passés par la case prison. Ceux-là, il faudrait les suivre et les mesures d'assignation à résidence s'avèrent parfois insuffisante.

Didier Le Bret, coordinateur national du renseignement à la présidence française : "La surenchère politicienne sur ces questions est mortifère"

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