Attentats du 13-Novembre : pour les rescapés, "le traumatisme n'est pas nécessairement destructeur"
Le psychiatre Florian Ferreri a suivi des rescapés des attentats du 13-Novembre à Paris. Un an après, il estime que la majorité d'entre eux sont parvenus à surmonter le traumatisme de l'événement.
En un an, le service de psychiatrie de l'hôpital Saint-Antoine à Paris a accompagné une centaines de rescapés des attentats du 13-Novembre. Comment ces personnes ont-elles fait face au traumatisme de l'événement ? franceinfo a posé la question au docteur Florian Ferreri, l'un des psychiatres du service.
franceinfo : Quels symptômes avez-vous constaté chez les rescapés que vous avez suivis ?
Florian Ferreri : Nous ne sommes pas tous égaux face à ce type de traumatisme. Dans les semaines qui suivent apparaît ce qu'on appelle l'état de "stress post-traumatique". Les personnes souffrent de flash-back, qui leur font revivre l'événement avec la même peur et les mêmes manifestations corporelles. Comme si elles étaient de nouveau agressées.
À ces flash-backs s'ajoute parfois l'incapacité à se confronter à certaines situations, dans lesquelles la personne a le sentiment d'être en danger. Ne plus être capable de sortir faire des courses ou de prendre les transports... C'est ce qu'on appelle les "conduites d'évitement".
Les rescapés peuvent également être confrontés à un grand stress, qui les met dans un état d'hyper-vigilance. Ils sont en permanence sur le qui-vive, à sursauter au moindre bruit. C'est épuisant. Idées noires, repli sur soi... Ces personnes ont de grandes difficultés à retrouver une vision positive de la vie.
Comment se portent aujourd'hui les personnes que vous avez suivies ?
Fort heureusement, 70 à 80% des personnes qui ont vécu les attentats du 13-Novembre vont mieux, voire beaucoup mieux. Toutes n'ont pas repris une vie normale. Certaines sont devenues irritables, tendues. Au-delà des séquelles physiques, elles se replient et s'isolent.
Mais on peut se remettre de tels événements. Le traumatisme n'est pas nécessairement destructeur. Il a permis à certains de reconsidérer leurs priorités, leurs choix de vie personnels et professionnels de manière positive. N'oublions pas aussi que la compassion nationale a pu les aider à passer un cap et à se reconstruire malgré l'adversité.
Géographiquement, votre hôpital est proche du restaurant La Belle Équipe et du Bataclan. Comment se porte aujourd'hui ce quartier ?
Dans les jours qui ont suivi, le quartier a eu le sentiment d'être plongé dans un monde très destructurant, qu'il ne reconnaissait pas. Aujourd'hui, la vie tente de reprendre. La Belle Équipe a rouvert et enregistre une belle affluence. Comme les autres établissements du quartier, ce restaurant est un lieu où le personnel de l'hôpital avait l'habitude de se rendre. On se dit qu'on aurait pu y être, ce qui renforce le sentiment de proximité du danger.
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