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Procès des attentats du 13-Novembre : Salah Abdeslam toujours positif au Covid-19, la reprise reportée après une journée de débats sur son cas

La cour d'assises spéciale de Paris a décidé de faire droit à une demande de contre-expertise médicale réclamée par les avocats du principal accusé, qui considèrent que Salah Abdeslam n'est pas apte à comparaître. La suite des audiences est donc de nouveau reportée.

Article rédigé par Juliette Campion
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Salah Abdeslam (à droite) au côté de deux autres accusés lors du procès des attentats du 13-Novembre, à la cour d'assises spéciale de Paris, le 6 janvier 2022.  (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

La crise sanitaire du Covid-19 s'invite au procès des attentats du 13-Novembre. Après une deuxième journée d'audience chaotique et un délibéré de trois heures, la cour d'assises spéciale de Paris a décidé, jeudi 6 janvier, de reporter la reprise officielle du procès au mardi 11 janvier. Les audiences entreront dans une nouvelle phase, consacrée aux interrogatoires sur le fond des quatorze accusés présents. Mais d'ici là, la cour a décidé de faire droit à une demande de contre-expertise médicale réclamée par les avocats de Salah Abdeslam, positif au Covid-19 mais qui avait été déclaré "apte" à comparaître par une première expertise, lundi. Ses conclusions ont été vivement contestées par une grande partie des avocats présents à l'audience jeudi.

Le principal accusé des attentats du 13 novembre 2015 a été testé positif le 27 décembre, à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne). Pour établir s'il était apte ou non à réintégrer son box, la cour s'est basée sur les résultats des examens réalisés lundi, concluant qu'il pourrait revenir au procès si son test PCR s'avérait négatif. Mercredi, le Parquet national antiterroriste (Pnat) avait tranché en faveur de son retour, écrivant dans un communiqué : "D'un point de vue sanitaire, rien ne s'oppose à son extraction le jeudi 6 janvier 2022 pour la reprise de l'audience". 

"Perdre quelques jours" plutôt que "paralyser le procès"

Mais le document ne précisait pas si Salah Abdeslam avait bien été testé négatif. Et c'est là tout le nœud du problème. Car il s'avère que le nouveau prélèvement réalisé mercredi sur l'accusé de 32 ans – qui a d'ailleurs toussé à de nombreuses reprises jeudi – est ressorti "positif à titre très faible", selon le second rapport d'expertise. De quoi susciter la colère de ses avocats. Me Olivia Ronen a réclamé une contre-expertise, arguant que l'infectiologue en charge de l'évaluation de l'état de santé de son client s'est "dédit", alors que la reprise du procès était conditionnée à un test négatif. Très agacée, l'avocate a réclamé "un autre expert" pour davantage "d'impartialité".

"On nous dit qu'on veut gagner du temps. Mais quel intérêt a Salah Abdeslam à gagner du temps ? Quel intérêt avons nous, avocats, à gagner du temps ? Neuf mois d'audience, c'est déjà très lourd. Mais il faut lui permettre de comparaître dignement."

Me Olivia Ronen, avocate de Salah Abdeslam

devant la cour d'assises spéciale de Paris

Elle a été soutenue par plusieurs confrères de la défense, dont les interventions ont donné lieu à plus d'une heure de débats. "Il est plus prudent de perdre quelques jours plutôt que de prendre le risque de créer un cluster dans le box et paralyser le procès pendant des semaines", a ainsi abondé Me Edward Huylebrouck, avocat de Muhammad Usman. Plusieurs représentants des parties civiles les ont également rejoints dans leur demande. "Il y a quelqu'un dans le box qui est positif", a pointé Matthieu Chirez, s'inquiétant des "contaminations en cascade" des autres accusés.

"Qu'on soit vaccinés ou pas, c'est pas tes affaires !"

Deux avocats, Me Jean Reinhardt et Me Gérard Chemla, se sont eux opposés à cette demande de contre-expertise. "L'affection de monsieur Abdeslam ne semble ni mortelle, ni difficile à vivre", a estimé Jean Reinhardt, en comparant le Covid de ce dernier au cancer dont est décédé l'une des parties civiles qu'il représente avant Noël. Il a ensuite rappelé que les symptômes pour les personnes vaccinées étaient de toute façon beaucoup plus légers et supportables. Dans le box, l'accusé Sofien Ayari l'a alors invectivé : "Qu'on soit vaccinés ou pas, c'est pas tes affaires !"

L'avocate générale a également demandé le rejet de la demande de contre-expertise concernant Salah Abdeslam, estimant "qu'il n'y a pas de risques, car les dix jours d'isolement sont largement expirés". Les premiers symptômes du prévenu sont apparus le 23 décembre, quatre jours avant son premier test PCR positif. "Subordonner la reprise de l'audience à un PCR négatif de Salah Abdeslam reviendrait à prendre le risque de repousser le procès de plusieurs semaines", a-t-elle insisté. 

Les avocats contestataires ont finalement obtenu gain de cause puisque deux nouveaux experts ont été désignés pour "examiner l'accusé, déterminer son état de santé et la date à laquelle il sera apte sur le plan médical et sanitaire à assister aux audiences", a déclaré le président de la cour d'assises spéciale. L'audience est donc renvoyée à mardi prochain, "sous réserve d'un résultat négatif" du principal accusé.  

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