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Trois ans après "Charlie Hebdo" et l'Hyper Cacher, où en est l’enquête sur les attentats de janvier 2015 ?

Les juges antiterroristes espèrent boucler d'ici au printemps leur enquête sur les attentats de janvier 2015, qui ont fait 17 morts. 

Article rédigé par franceinfo
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Des fleurs et des messages sont laissés près des locaux de Charlie Hebdo, le 12 janvier 2015, en hommage aux 17 victimes des attentats de janvier 2015. (BERTRAND GUAY / AFP)

Une quinzaine de mises en examen, et des énigmes toujours non résolues. L'enquête sur les attaques de janvier 2015 à Paris contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, contre la policière de Montrouge et contre le magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes, a fortement progressé l'an dernier. Si les commanditaires de ces attentats, qui ont fait 17 morts, sont toujours inconnus, trois ans plus tard, les investigations ont tout de même progressé.

Les traces ADN ont permis d'avancer

L'enquête a progressé en 2017, notamment grâce aux traces ADN. Celles-ci ont permis de mettre en évidence les liens entre Amedy Coulibaly, le tueur de l'Hyper Cacher, et les frères Kouachi, qui ont attaqué Charlie Hebdo. En septembre, la justice a en effet annoncé que l'ADN de Coulibaly avait été mise en évidence sur un fusil d'assaut utilisé par les Kouachi

On savait depuis janvier 2015 qu'Amedy Coulibaly, alors âgé de 26 ans, avait rencontré l'un des frères Kouachi en prison, à Fleury-Mérogis (Essonne), en 2009, et qu'ils étaient restés en contact. Les traces d'ADN confirment en outre qu'Amedy Coulibaly a joué un rôle-clé dans l'approvisionnement en armes des deux frères, d'autant que d'autres traces ont été retrouvées sur les armes d'Amedy Coulibaly. 

Deux filières d'armement mises au jour

Grâce à ces dernières empreintes, deux filières d'armement ont été mises au jour, l'une dans "la région lilloise, l’autre dirigé depuis la Belgique", écrit Le Monde. "Les deux étaient organisés autour de garagistes véreux, eux-mêmes plaque tournante de trafics en tous genres."

La filière de Lille tournait autour de Claude Hermant, figure de l'extrême droite identitaire lilloise, condamné à 7 ans de prison pour trafic d'armes dans une autre affaire, en octobre 2017. Cet indicateur de la police achetait des armes démilitarisées en provenance d'Europe de l'Est, avant de les remettre en fonctionnement.

Le commerce auquel il se livrait a, en bout de chaîne, fini par équiper Amedy Coulibaly, auteur de l'attentat de l'Hyper Cacher. Six armes, dont des pistolets Tokarev, sont tombées dans les mains du jihadiste qui a assassiné en janvier 2015 quatre personnes dans ce magasin à Paris, avant d'être abattu. La veille, il avait tué une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine). Dans cette même filière, c'est Samir Ladjali, un des intermédiaires présumés de Coulibaly, qui est mis en examen dans le volet parisien du circuit des armes ayant fourni le jihadiste

14 personnes mises en examen

L'enquête s'est accélérée ces derniers mois avec la mise en examen de six nouveaux suspects depuis avril 2017. "Quatorze personnes ont été mises en examen, dont sept en 2017. Il s'agit d'hommes qui, de près ou de loin, auraient fourni une aide logistique aux frères Kouachi, responsables de la tuerie de 'Charlie Hebdo' ou à Amedy Coulibaly, auteur de la prise d'otages de l'Hyper Cacher. Ils sont soupçonnés d'avoir mis à disposition des armes, mais aussi des gilets pare-balles et de l'argent", explique ainsi France 2. Tous nient avoir eu connaissance du projet terroriste.

Les commanditaires toujours inconnus

Les commanditaires des attentats, eux, restent toujours inconnus. L'attaque contre Charlie Hebdo a été revendiquée par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Dans la vidéo diffusée après sa mort, Amedy Coulibaly a revendiqué l'attaque contre l’Hyper Cacher et l'assassinat de la policière de Montrouge, au nom du groupe terroriste Etat islamique. Mais on ignore qui a diffusé la vidéo. Les enquêteurs ne sont pas davantage parvenus à décrypter les messages contenus dans les boîtes mail des trois assaillants. Enfin, ultime énigme non résolue, la justice ne sait toujours pas qui a tiré à trois reprises sur un joggeur le 7 janvier à Fontenay-aux-Roses (Haut-de-Seine).  

Les juges antiterroristes espèrent désormais achever au printemps 2018 leur enquête sur ces attentats qui ont frappé la France en plein cœur.

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