Déprimés, stressés... Quand la France est en deuil, comment vont les Français ?
Vous avez répondu nombreux à notre appel à commentaires. Voici vos réactions.
Depuis les attentats de Paris et de Saint-Denis, vendredi 13 novembre, la France est en deuil. Après le choc, beaucoup de Français, touchés ou non de près par les attaques, notent que leur quotidien et leur humeur ont été altérés par les évènements tragiques.
Dans les commentaires de francetv info, vous nous avez fait part de votre expérience. Dans son message, @Moi75019 résume bien votre état d'esprit : "Trouble du sommeil. Etat anxieux généralisé. Peur de tout. Mais pas envie de basculer dans la parano... Je veux vivre". Voici vos témoignages.
Accablés par la fatigue et accros aux infos
"De tout coeur avec les familles des victimes", Loulou90 fait part de son sentiment, depuis le Maroc : "les événements criminels qui ont frappé la France et Paris en particulier m'ont traumatisé au point de ne plus ni dormir ni profiter du repos et des vacances", confie-t-il/elle.
"Fatigué.", commence @victorfseara dans son message. "Envie d'aller sur Paris mais peur au ventre. Je reste 24h/24 sur votre site", précise-t-il. Comme lui, vous êtes plusieurs à vous dire accros aux dernières informations. "Je dors mal et suis un peu déprimée. Et je ne peux pas me décrocher de votre site, en non-stop", renchérit @Martine. Sur internet, à la radio comme sur les chaînes d'information en continu, vous suivez avec attention, et souvent angoisse, les développements de l'enquête.
@anonyme, lui/elle, a adopté une stratégie opposée pour ne pas faire monter son anxiété : "je regarde très peu les infos, une fois le soir suffit pour savoir ce qui s'est passé, et surtout je boycotte les chaînes et radios d'infos en continu, qui sont très anxiogènes."
Anxieux et angoissés
"J'habite à la campagne, on se sent moins exposé. Mais aussi moins protégés. Ici, il n'y a pas plus de présence policière, pourtant il y a des écoles, des stades, des manifestations", prévient pour sa part ce même @anonyme.
Pour @Anonyme, qui a épousé un policier qui travaille la nuit, l'angoisse est quotidienne. Il/elle concède avoir "énormément de mal à dormir jusqu'à son retour qui correspond à l'heure où je dois me lever pour aller travailler. Tous les soirs quand je l'embrasse avant son départ je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est peut être la dernière fois", témoigne-t-il/elle.
"Mon estomac a fait des nœuds au moment des courses hebdomadaires hier", explique un autre internaute, traduisant un sentiment partagé : l'appréhension. Faire des courses, aller travailler, se promener ou sortir entre amis n'est pas facile pour tout le monde : "La crainte a envahi mes pensées", écrit @Targ0, qui se dit "stressé, après cette longue semaine." "Je dévisage chaque personne croisant mon chemin. Me demandant si elle porte une ceinture explosive. Ou si son long sac de sport contient une arme à feu." Revivant la soirée de vendredi, il se met à la place des victimes.
Qu'aurais-je fait si comme toutes ces victimes j'avais assisté à une scène d'une telle violence ? Aurais-je été tétanisé ? Aurais-je aidé les plus faibles à fuir ? Me serais-je interposé ? Ou serais-je mort en faisant la fête sans me rendre compte que des lâches venaient de m'assassiner ?
"Vendredi accrochée à mon téléphone. Samedi, même pas peur. On va manger avec les enfants en vitrine d'un restaurant. Les nuits sont sans rêves mais j'arrive à dormir même si je me réveille fatiguée", témoigne encore une @anonyme. "Le choc est passé, il reste l'onde de choc et elle n'a pas fini de faire des dégâts", poursuit-il, même si les Français retournent peu à peu dans les magasins, marchés et centres commerciaux.
Rongés par la tristesse
Dans la plupart des messages reçus à francetv info, les lecteurs témoignent de leur tristesse. "Toujours cette impression d'avoir fait un mauvais rêve !", écrit Mica, qui se dit "triste pour tous les innocents disparus et les familles ayant perdu un proche mais tellement heureux et fier d'être français !" J'ai 40 ans, je vis dans le coin, je pleure tout le temps dès que je suis seule", nous raconte @anonyme. "Mais je fais 'genre' quand mes ados sont près de moi et je pleure de plus belle dès qu'ils s'eloignent."
J'essaie de passer et penser à autre chose. Mais les images me reviennent à la tête très souvent ... Donc, globalement, [je suis] toujours envahi de tristesse.
@Annick Denhez, elle "pense aux parents qui ont perdu leurs enfants, aux petits sans père ou mère ou les deux. Je pense aux Noël de ces gens que j'aimerais serrer dans mes bras", écrit-elle.
Même si, loin de la capitale, @Anonyme pense vivre dans une atmosphère moins pesante que dans les rues de Paris, elle sent en elle "un profond chagrin doublé d'inquiétude et de colère. Quel est ce monstre qui veut mettre à bas toutes nos libertés et notre joie de vivre ? Partagée entre refus de céder à la peur et sentiment que nous avons perdu l'insouciance des jours heureux d'avant ce 13 novembre."
... mais décidés à retrouver le sourire
Dans les commentaires, @Targ0 en est sur(e) : "Nous releverons la tête. Car. PARIS EST UNE FÊTE ❤" ". @spongebob, quant à lui, se soigne en musique. "Je surmonte ça avec beaucoup de rigolades, de câlins et de reggae !", nous écrit-il.
En observant les réactions au drame, @anonyme a même retrouvé confiance. Il/elle le dit dans un commentaire en forme de déclaration d'amour à la France et aux Français.
Si pour certains, retourner au travail a été difficile, d'autres estiment au contraire que reprendre une vie normal leur a été bénéfique. "En pleine forme, jovial, heureux de vivre. Il faut savoir tourner la page et continuer de vivre normalement", témoigne @anonyme, sur un ton optimiste à contre-courant. "Avoir été en cours cette semaine m'a fait du bien. Je suis moins stressée, moins apeurée que le week-end dernier...", témoigne un autre commentaire.
"Je vis normalement, je vais bien, je dors bien, et ce grâce à toutes les réactions humoristiques que la situation a inspirées. Un grand merci à Jawad [le loueur de l'appartement de Saint-Denis a fait l'objet de nombreux détournements] ! Et côté solidarité, merci aux Ultras de Marseille pour leur banderole", nous dit à son tour Sabine, rappelant qu'il appartient aux citoyens d'un pays endeuillé de se consoler les uns les autres.
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