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Vidéos Attentat devant l'ancien siège de "Charlie Hebdo" : ce qu'il faut retenir de la conférence du procureur antiterroriste

Au cours de sa garde à vue d'une durée de 96 heures, le suspect a "reconnu la matérialité des faits" et a avoué avoir menti sur son identité et sur son âge, selon le parquet.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard, le 29 septembre 2020, lors d'une conférence de presse sur l'attentat du 25 septembre à Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Il pensait s'en prendre à Charlie Hebdo. Le jeune homme accusé d'avoir grièvement blessé au hachoir deux personnes à Paris le 25 septembre doit être présenté à un juge d'instruction, mardi 29 septembre, pour être mis en examen, a annoncé le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard. Ce dernier a précisé avoir requis son placement en détention provisoire.

Au cours de sa garde à vue d'une durée de 96 heures, le suspect a "reconnu la matérialité des faits" et a avoué avoir menti sur son identité et sur son âge, selon le parquet. Dix autres personnes ont été placées en garde à vue jusque-là dans cette enquête, mais toutes ont été relâchées.

Evoquant le sort des blessés, Jean-François Ricard a affirmé que la femme de 28 ans présentait des plaies et des fractures au visage avec "au moins 10 jours d'ITT" et que l'homme de 32 ans restait hospitalisé "dans un état très grave" avec plusieurs fractures du crâne et une "ITT d'au moins trois mois".

Un attentat filmé de moins de "20 secondes"

Selon le procureur national antiterroriste, l'attaque a été "filmée par une caméra de surveillance", ce qui a permis de reconstituer les faits avec précision. A 11h33, l'assaillant est passé devant l'entrée du 6, rue Nicolas-Appert, où un homme et une femme fumaient une cigarette "à proximité immédiate d'une fresque en hommage aux personnes tuées par les frères Kouachi".

Une vingtaine de secondes plus tard, après avoir fait demi-tour, l'assaillant a sorti un hachoir de son sac à dos et "s'est attaqué subitement d'abord à l'homme puis à la femme en assénant de nombreux coups, notamment à la tête". Après cette agression d'une durée "estimée entre 15 et 20 secondes", les deux victimes se sont enfuies dans des directions opposées et ont été "brièvement poursuivies" par le terroriste. 

Le suspect a été arrêté à 12h35, une heure après les faits, après avoir pris la fuite par la ligne 5 du métro et s'être "déplacé dans le quartier". Lors de son interpellation "au sein du métro Bastille", l'homme était "en possession d'un couteau à cran d'arrêt et d'un briquet".

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Une vidéo de revendication tournée le matin de l'attaque

Sur le téléphone du mis en cause, les enquêteurs ont découvert une vidéo en ourdou qui a été diffusée sur les réseaux sociaux et enregistrée à 8h02 le matin des faits. Pendant près de trois minutes, l'homme y "annonce son geste à venir" sans pour autant entrer dans les détails, selon Jean-François Ricard. 

Le Pakistanais y déclare : "Ici, en France, ils font les caricatures sur notre pur et plus grand bien-aimé prophète. Moi, aujourd'hui, le 25 septembre, je vais aller me révolter contre ça." Dans la suite de la vidéo, l'homme pleure, cite Dieu et revendique avoir pour "guide" le mollah Ilyas Qadri, chef de file de Dawat-e-Islami, un groupe religieux apolitique et non-violent d'inspiration soufie basé au Pakistan. "Il ne fait allégeance à aucun groupe terroriste en particulier", précise le procureur national antiterroriste.

Selon l'entourage du suspect, cité par Jean-François Ricard, l'homme "regardait abondamment ces derniers temps" des vidéos de Khadim Hussain Rizvi. Ce dernier, président-fondateur du parti islamiste Tehreek-e-Labbaik Pakistan, "a organisé au Pakistan au début du mois de septembre des manifestations à la suite des nouvelles publications des caricatures de Mahomet", rappelle le procureur.

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Un acte prémédité et guidé par la "colère"

Après avoir consulté des vidéos sur le retentissement au Pakistan des caricatures de Mahomet, le suspect s'est dit "en colère" et a pris la décision de s'attaquer à Charlie Hebdo. "Il a fait des recherches qui lui ont permis d'identifier l'immeuble de la rue Nicolas-Appert, sans qu'il soit informé que le journal avait déménagé à la suite de l'attentat de janvier 2015", rapporte Jean-François Ricard.

Le mis en cause a reconnu avoir procédé à des repérages les 18, 22 et 24 septembre. Le matin des faits, il s'est rendu seul à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour acheter un hachoir, un marteau et trois bouteilles de white spirit. "Son projet initial était d'entrer dans les locaux du journal, éventuellement si nécessaire à l'aide du marteau, puis de les incendier grâce aux bouteilles de white spirit", a précisé le procureur.

En apercevant les victimes, il a pensé que ces dernières travaillaient pour le journal satirique et a finalement choisi de les attaquer.

Jean-François Ricard

lors de sa conférence de presse

Le procureur national antiterroriste précise que le sac à dos de l'assaillant a été retrouvé sur les lieux de l'attentat. Il contenait "deux bouteilles de white spirit, des morceaux de tissu, un marteau, un billet de train du 3 septembre Paris-Annecy au nom de Hassan Ali, des cartes SIM". La troisième bouteille a été retrouvée "à proximité".

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Un suspect de 25 ans connu sous un faux nom

Confronté à un document pakistanais retrouvé dans son téléphone, le suspect a reconnu s'appeler Zaheer Hassan Mahmoud et être né au Pakistan le 21 janvier 1995. Il affirmait initialement s'appeler Hassan Ali et être né en août 2002 au Pakistan. C'est sous cette fausse identité, en tant que "mineur non accompagné", qu'il avait bénéficié de l'aide sociale à l'enfance à son arrivée en France en août 2018, cinq mois après son départ de son pays et au terme d'un périple à travers l'Iran, la Turquie et l'Italie.

Jusqu'à vendredi, le suspect "était totalement inconnu de l'ensemble des services de renseignement". Il n'avait jamais été condamné et avait simplement fait l'objet d'un rappel à la loi en juin pour port d'arme prohibé. Il ne détient aucun titre de séjour mais avait rendez-vous à la préfecture du Val-d'Oise, le jour de l'attentat, à propos de sa situation administrative.

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