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Suivi par les renseignements et contrôlé jeudi par la police : ce que l'on sait du principal suspect de l'attentat dans un lycée d'Arras

Originaire du Caucase russe et âgé de 20 ans, Mohammed M. est un ancien élève de l'établissement. Le Parquet national antiterroriste s'est saisi de l'enquête.
Article rédigé par franceinfo
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Des policiers se tiennent devant le lycée Gambetta à Arras (Pas-de-Calais), après une attaque terroriste mortelle, le 13 octobre 2013. (DENIS CHARLET / AFP)

A trois jours de l'hommage à Samuel Paty, un enseignant assassiné par un terroriste le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), la communauté éducative est de nouveau frappée en plein cœur. Un professeur de français a été mortellement poignardé, vendredi 13 octobre, dans la cour d'une cité scolaire d'Arras (Pas-de-Calais). Un professeur de sport, un agent d'entretien et un agent technique ont également été blessés. Franceinfo vous résume ce que l'on sait sur le principal suspect, interpellé et placé en garde à vue.

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Né en Russie et âgé de 20 ans

Le jeune homme suspecté de l'attaque au couteau dans le lycée Gambetta d'Arras est né dans le Caucase, en Russie, et âgé de 20 ans. Un profil qui rappelle celui de l'assassin de Samuel Paty, Abdouallakh Anzorov. Ce Tchètchène de 18 ans avait été tué par les forces de l'ordre le jour de l'attentat.

Mohammed M. est arrivé en France en 2008, avec ses parents et ses trois frères, a appris France Télévisions auprès du ministère de l'Intérieur. Son père a été rapidement expulsé en Russie. Les enfants, étant arrivés alors qu'ils étaient âgés de moins de 13 ans, pouvaient rester en France. Tous ont fait une demande d’asile mais ont été déboutés à l'été 2022 après avoir épuisé tous les recours, y compris judiciaire. Toutefois, depuis le début de la guerre en Ukraine, la France a cessé les expulsions vers la Russie. L'homme vivait à Arras depuis 2015, avec sa mère et ses quatre frères et sœur.

En entrant dans le lycée, l'homme a crié "Allah Akbar" au moment de l'attaque, confirme à franceinfo une source proche de l'enquête. "D'après nos informations, il y a sans doute un lien entre ce qui s'est passé au Proche-Orient et le passage à l'acte", a déclaré vendredi soir le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur TF1.

Selon un professeur de philosophie témoin des faits et poursuivi par l'assaillant, ce dernier "cherchait un prof d'histoire". Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est ainsi saisi de l'enquête, ouverte pour des chefs "d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste", de "tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "d'association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d’atteinte aux personnes."

Suivi par les services de renseignements et contrôlé la veille de l'attaque 

Mohammed M. est un ancien élève du lycée connu pour sa radicalisation. Julie Duhamel, secrétaire départementale du Pas-de-Calais du syndicat enseignant Unsa, a affirmé sur franceinfo "qu'il y avait eu un dossier monté par l'équipe enseignante par rapport à sa radicalisation, il y a maintenant quelques années".

Selon les informations de France Télévisions, cet homme était enregistré au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste puis, à partir du 30 juillet dernier, fiché S. 

Cela signifie que sa fiche avait été affectée à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour une surveillance plus active. Il faisait l'objet d'un suivi actif de la part des services de renseignements, avec une mise sur écoute et des surveillances physiques. Selon Gérald Darmanin, ce suivi renforcé de la DGSI activé sur l'assaillant avant l'attaque était justifié par ses liens avec d'autres "personnes radicalisées, dont son frère". "Nous surveillions cette famille", a-t-il ajouté.

Cet individu avait même été contrôlé par la police jeudi, la veille de l'attaque, sans qu'aucune infraction puisse lui être reprochée. Selon une source sécuritaire à France Télévisions, ses conversations téléphoniques n'avaient pas laissé craindre de passage à l'acte imminent. 

Un de ses frères condamné pour non-dénonciation d'un projet d'attentat

Un de ses frères, aujourd'hui âgé de 22 ans, est actuellement écroué après avoir été condamné en avril à cinq ans de prison pour ne pas avoir dénoncé un projet d'attaque dont il avait connaissance. Selon les informations de franceinfo, il avait été interpellé à l'été 2019 par la DGSI, alors qu'il était mineur, dans le cadre de ce projet d'attentat déjoué ciblant les abords du palais de l'Elysée, les policiers en faction et des civils. Ce "jeune radicalisé particulièrement virulent sur les réseaux sociaux", selon les magistrats antiterroristes, avait été mis en examen pour non-dénonciation de crime terroriste et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle pour ses activités de propagande et "ses velléités de départ en terre de jihad".

Il avait également fait l'objet de poursuites pour apologie du terrorisme par le parquet d'Arras. Début décembre 2016, alors qu'il était lui aussi scolarisé au lycée Gambetta d'Arras, il avait justifié les attentats de Charlie Hebdo lors d'un cours sur les valeurs de la République et la notion de liberté d'expression.

Un autre des frères de l'assaillant, plus jeune et né en 2006, a aussi été interpellé vendredi et placé en garde à vue, tout comme sa mère et sa sœur, a appris franceinfo de source proche de l'enquête. 

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