Attentat de Nice : "Il n’y a pas d’indemnisation de la douleur qui corresponde à la douleur"
Une des victimes indirectes de l'attentat de Nice conteste le montant de l'indemnisation proposé par le fonds de garantie des victimes d'actes terroristes. Juliette Méadel, Secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes, lui répond sur franceinfo.
Au moins une des victimes indirectes de l'attentat de Nice, Natacha Buchet, va déposer une requête en justice pour contester le montant définitif proposé par le fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme, selon le service police-justice de franceinfo.
Le fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme vient de commencer à faire des propositions d'indemnisation définitives aux victimes et familles de victimes de l'attentat de Nice. 2 005 dossiers d'indemnisation ont été déposés, et plus de 16 millions d'euros ont déjà été versés, selon des chiffres recueillis par franceinfo.
Juliette Méadel, Secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes comprend la détresse de cette femme. "Il n’y a pas d’indemnisation de la douleur qui corresponde à la douleur", a- t-elle estimé dimanche 26 février sur franceinfo.
franceinfo : Est-ce-que vous comprenez la démarche de cette mère de famille ?
Juliette Méadel : Oui, elle a perdu sa mère. Dans un cas comme celui-ci, quelle que soit la somme proposée, ce n’est jamais assez. Il n’y a pas d’indemnisation de la douleur qui corresponde à la douleur. On ne peut pas avec une réparation financière éponger et cautériser une blessure qui est celle que l’on a lorsque l’on a perdu un enfant ou un parent.
Le débat financier est souvent un débat qui vient en réalité tenter de réparer une profonde blessure, mais ce n’est jamais complètement satisfaisant
Juliette Méadelà franceinfo
Les estimations qui sont faites par les avocats sont très souvent très supérieures à la réalité de l’indemnisation. Le fonds de garantie dont nous disposons en France est le plus complet et le plus extensif au monde dans la prise en charge des troubles et des préjudices économiques et d’affection.
Dans le cas de la victime, mère célibataire, elle souligne le préjudice économique résultant du fait qu'elle ne peut plus faire garder ses enfants par leur grand-mère, vous comprenez son argument ?
Oui. Cela étant, dans ce cas, l’indemnisation du préjudice économique se fait sur la production de pièces, de certificats qui sont capables d’attester quel est exactement le manque à gagner ou la dépense supplémentaire qui résulte de la perte de sa mère qui s’occupait de ses enfants. Il faut toujours prouver. Le fonds indemnise sur pièces et non sur la foi d’une déclaration. Il faut être capable de prouver la dépense supplémentaire qui sera générée par la perte d’un proche.
Ce que je constate quand même, c'est qu'on a aujourd'hui 1 109 victimes qui ont déjà reçu un règlement, c'est à dire la majorité des demandes qui sont recevables. Et, ce n’est pas complètement négligeable, il y a par exemple 455 victimes proches (victimes indirectes) qui ont déjà reçu 7 millions d’euros.
Est-ce que le recensement des victimes de l'attentat de Nice est terminé ?
Non, dans les mois qui vont venir il y aura d’autres demandes. Cela arrive assez souvent que 6 à 8 mois après, vous pensiez que vous aviez assisté à un attentat mais qu’après tout vous aviez réussi à faire face, et puis brutalement vous n’arrivez plus à dormir, ni à manger, vous ne pouvez plus vivre normalement au point que ça nécessite une prise en charge psychiatrique ou psychologique et une indemnisation parce que certains ne peuvent plus travailler. Les dossiers sont parfois déposés un an après la survenance du drame. Nous, pouvoirs publics, nous aurons bien d’autres demandes qui seront déposées dans les mois et les années à venir.
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