Quatre questions sur l'opération antiterroriste à Villejuif, où un laboratoire clandestin a été découvert
Des "composants pouvant entrer dans la fabrication d'explosifs" ont été trouvés dans un appartement à Villejuif (Val-de-Marne). De la documentation en arabe à caractère religieux figurait également sur les lieux.
Une opération antiterroriste a eu lieu à Villejuif (Val-de-Marne), mercredi 6 septembre, en fin de matinée. La ligne 7 du métro parisien s'est arrêtée pendant plus d'une heure et la mairie a demandé aux habitants d'éviter certains quartiers. La police a trouvé, dans un appartement, des produits pouvant servir à confectionner des engins explosifs. Franceinfo résume ce que l'on sait de cette affaire.
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Pourquoi les forces de police sont-elles intervenues dans cet immeuble ?
Selon les informations de franceinfo, un artisan qui intervenait pour des travaux dans un immeuble de Villejuif a donné l'alerte mercredi, en fin de matinée, après avoir remarqué des éléments suspects dans un appartement.
"Cet artisan se trouvait en extérieur quand il a aperçu des produits chimiques sur une terrasse. A travers la baie vitrée, il a vu un fer à souder et un réchaud", raconte au Parisien une source proche du dossier. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a d'ailleurs salué dans un communiqué "le réflexe citoyen de l’artisan".
Qu'ont-elles découvert ?
Arrivés sur place, les policiers et des agents du laboratoire central de la préfecture de police ont découvert un "petit laboratoire" avec des "composants pouvant entrer dans la fabrication d'explosifs". Ils ont retrouvé sur les lieux de l'acide sulfurique, de l'acétone, de l'eau oxygénée, des composants électriques, des piles ou encore des bassines. A l'intérieur de l'appartement, ils ont également découvert 100 grammes de TATP prêt à l'emploi, un explosif artisanal instable, ainsi que du matériel destiné à "conditionner un colis piégé" .
A proximité des substances pouvant servir à la fabrication d'explosifs, la police a retrouvé de la documentation religieuse en arabe. Une enquête a été ouverte pour "association de malfaiteurs terroristes" et "détention, transport et fabrication de substances explosives en relation avec une entreprise terroriste et en bande organisée". La section antiterroriste et la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) ont été saisies.
Quels sont les suspects ?
Mercredi, deux hommes ont été interpellés en début d'après-midi par la BAC dans un véhicule utilitaire léger au Kremlin-Bicêtre, ville voisine de Villejuif. Parmi eux, figure l'occupant de l'appartement. Les deux hommes sont âgés de 36 et 47 ans. Ces deux premiers suspects n'étaient pas dans le radar des autorités françaises. "On ne les connaissait pas. Ils n'étaient fichés nulle part", a indiqué le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sur franceinfo, "les deux sont Français, l'un d'origine maghrébine et l'autre 'd'origine continentale', si je peux m'exprimer ainsi."
L'homme de 36 ans est originaire d'Amiens (Somme) et occupait l'appartement de Villejuif, tandis que le second individu est originaire de Tunisie et vit actuellement à Paris. L'un des deux hommes serait agent hospitalier au CHU du Kremlin-Bicêtre, a déclaré une source policière à franceinfo. Les deux personnes interpellées ont été placées en garde à vue mercredi soir.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, un troisième homme a été placé en garde à vue, a appris franceinfo de source judiciaire. Cet homme de 37 ans est "possiblement radicalisé et suivi" par la DGSI. "Son lien avec le laboratoire clandestin n'est pas établi à ce stade", précisent des sources proches du dossier à l'AFP.
Que sait-on des intentions de ces individus ?
Les deux hommes interpellés mercredi affirment qu'ils voulaient "faire sauter des guichets de banque pour s'approprier les billets" et "nient le caractère terroriste" de leur action, a rapporté Gérard Collomb sur franceinfo.
Mais les enquêteurs continuent d'explorer la piste terroriste. "Un certain nombre de liens et de communications téléphoniques" permettent de relier les suspects au théâtre syrien, a ajouté le ministre, qui assure "qu'ils étaient liés avec le terrorisme" et que "c'est plutôt dans cette direction qu'il faut chercher". Des propos nuancés par plusieurs sources proches de l'enquête à l'AFP, pour lesquelles "il s'agit pour le moment d'un lien indirect". "Mais il est évident que les enquêteurs travaillent sur cette hypothèse au vu notamment de la nature de l'explosif", commentent-elles.
Les perquisitions se sont en tout cas poursuivies jeudi. Selon une source proche du dossier, les policiers ont découvert dans un box à Thiais (Val-de-Marne) de l'acétone, qui entre aussi dans la composition des explosifs. Ce box appartiendrait à l'un des deux suspects arrêtés mercredi.
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