Cet article date de plus d'onze ans.

Suicide d'un jeune victime de chantage sur internet : les parents portent plainte contre X

Victime de chantage sur internet, Gauthier, 18 ans, s'est donné la mort le 10 octobre à Brest, le jour même du suicide d'Amanda Todd, une adolescente canadienne elle aussi victime d'un maitre-chanteur. Ses parents veulent alerter l'opinion sur les dangers que courent les jeunes sur les réseaux sociaux. Lundi soir, ils ont annoncé qu'ils porteraient plainte contre X.
Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Maxppp)

Les parents de Gauthier portent plainte, en
sachant déjà probablement qu'elle a peu de chance d'aboutir. Au moins, peut-être,
pour ne pas avoir renoncé à connaître la personne qui a envoyé les messages de
menaces et tenté d'extorquer de l'argent à leur fils, 18 ans, élève de
terminale dans un lycée professionnel. Ou pour alerter les enfants, l'opinion,
les autres parents.

Le jeune homme, un
garçon plutôt réservé, plutôt prudent, plutôt timide, a mis fin à ses jours le
10 octobre : Amanda Todd, de l'autre côté de l'Atlantique, là bas au
Canada, a choisi le même jour pour, elle aussi, ne plus souffrir le harcèlement
d'un maitre chanteur. La jeune adolescente se disait victime de harcèlement sur
le web
après avoir envoyé l'image de ses seins nus à un internaute. Comme elle,
il a mésestimé les dangers potentiels de la jungle des réseaux sociaux. Du
virtuel au réel, il n'y a qu'un pas. 

" J'ai une vidéo porno de toi. Si tu ne me donnes pas 200€, je vais détruire ta vie "

Un soir, sur Chatroulette , ce site qui met les internautes en relations de manière aléatoire
par le biais d'une webcam, il fait une rencontre. Une femme. Protégé par l'illusion
de leurs écrans, les deux se déshabillent. Sa nouvelle "amie ", il l'ajoute ensuite parmi ses contacts sur Facebook. "J'ai une vidéo porno de toi. Si tu ne me
donnes pas 200€, je vais détruire ta vie
", lui écrit-elle, un peu avant
17h. 

"Il est rentré du lycée assez tôt ce
mercredi après-midi, il finissait à 14h30. Il est monté dans sa chambre, il a
pris l'ordinateur portable. Comme pour tous les jeunes, sa chambre était son
univers. Je suis montée le voir vers 16H00 et il m'a dit de le laisser. A 17h00,
je l'ai vu sortir, discutant au téléphone. Il avait l'air absent
",
raconte sa mère. A 17h, anéanti, Gauthier est parti se pendre dans le cabanon
du jardin.

" Quelqu'un est entré sous le toit de cette maison pour commettre des atrocités par le biais d'un ordinateur. Et il n'y avait pas de moyens pour l'arrêter "

Une enquête est en cours
pour tenter de trouver l'origine des messages : peut-être faut-il
maintenant chercher du côté d'un cybercafé en Côte d'Ivoire, d'où il semble que
les messages proviennent. Il est probable que l'identité de son auteur ne soit
jamais connue. Selon la police, peut-être que la vidéo n'a même jamais existé.

Là n'est pas tant la
question : "Quelqu'un est entré sous le toit de cette maison pour
commettre des atrocités par le biais d'un ordinateur. Et il n'y avait pas de
moyens pour l'arrêter
", témoigne la famille, bien décidée à mettre en
garde les autres parents.

L'exposition des jeunes sur internet en question

Le chemin est encore long : le Dr Xavier Pommereau, psychiatre et spécialiste des adolescents
estime ainsi "préoccupante " la manière dont certains
s'exposent sur internet. Et appelle à davantage de prévention : "Il faut
les mettre en garde sur le fait qu'il ne faut surtout pas trop s'exposer sur ce
média (Facebook) (...) Il faut vraiment travailler ça avec les adolescents,
leur dire de ne pas s'y livrer corps et âme, et de ne pas y faire état de tous
leurs pensées secrètes et de toutes leurs photos intimes
".

"Il faudrait que les réseaux
sociaux soient aussi considérés comme responsables de ce qu'ils publient et de
ce qu'ils laissent publier (...) L'école doit en parler aussi (...) C'est en
fait à tout le corps social de s'en préoccuper
", poursuit-il.

"Apprenez à assumer tout ce que vous faites : vous publiez sur internet, vous savez qu'un jour ou l'autre, ça peut être repris "

 "Apprenez à assumer tout ce que
vous faites, vous publiez sur internet. Vous savez qu'un jour ou l'autre, ça peut
être repris. Ca peut-être détourné, manipulé de tous les côtés. Ca, il faut en
être conscient
", conseille de son côté Eric Delcroix, expert en
réseaux sociaux. En fait, pour un jeune, faire un peu plus que comme dans une
vraie vie d'adulte. Pas simple.

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