Soupçons d'escroquerie : le maire d'Agde, dans l'Hérault, et une femme "voyante et médium" qui l'aurait manipulé sont mis en examen

La femme médium, amie du maire d'Agde, est parvenue à lui faire croire à l'existence d'une "voix provenant de l'au-delà" et a ainsi bénéficié "de nombreuses prestations".
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Hérault
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Gilles d'Ettore, maire d'Agde, en mai 2012. (TIM SOMERSET / MAXPPP)

Après 48 heures de garde à vue, Gilles d'Ettore, le maire d'Agde dans l'Hérault, a été mis en examen jeudi 21 mars pour "détournements de fonds par une personne dépositaire de l'autorité publique, prises illégales d'intérêts et corruption", indique le parquet de Béziers dans un communiqué. L'élu a ensuite été placé en détention provisoire, rapporte France Bleu Hérault.

Une femme se présentant comme étant voyante, médium et guérisseuse, a également été mise en examen pour "escroqueries, recel de détournements de fonds par une personne dépositaire de l'autorité publique, recel de corruption, et travail dissimulé", précise le parquet. Elle a aussi été placée en détention provisoire. Quant à son mari, actuel directeur des services techniques de la mairie d'Agde, il a lui aussi été mis en examen pour "recel de prise illégale d'intérêts, recel de détournements de fonds par une personne dépositaire de l'autorité publique, recel de corruption". Mais il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer sa fonction de directeur des services techniques et d'entrer en contact avec "une longue liste de protagonistes de la procédure".

Un stratagème pour faire croire à un être surnaturel

Au cours de sa garde à vue, la femme a reconnu avoir utilisé un stratagème consistant à modifier sa voix auprès de nombreux interlocuteurs, y compris les membres de sa famille et ses proches amis. "En utilisant au téléphone cette voix d'apparence masculine, posée et rauque, elle réussissait à leur faire croire qu'ils étaient en conversation avec un être surnaturel provenant de l'au-delà", précise le parquet. Cette "voix" incitait principalement ses interlocuteurs à se soucier du bien-être de cette femme, y compris matériellement. Selon le parquet de Béziers, cette femme est soupçonnée de n'avoir déclaré qu'une partie de ses revenus dans le cadre de son activité d'auto-entrepreneuse à Agde de voyante, médium et "guérisseuse". Cette activité lui avait permis de développer une clientèle importante en acquérant une certaine notoriété localement.

Concernant le maire d'Agde, il était devenu l'un de ses plus proches amis depuis leur rencontre en mai 2020. Elle était parvenue à lui faire croire à l'existence de "la voix" et avait ainsi bénéficié "de nombreuses prestations de nature différente, principalement de la part du maire d'Agde". Lors de sa garde à vue, cette dernière a confirmé les éléments d'enquête permettant de soupçonner que l'intervention de "la voix" avait été déterminante pour décider le maire d'Agde à recruter au sein de la commune ou de l'agglomération, cinq personnes membres de la famille de cette femme ou de son proche entourage amical, dont son propre mari en qualité de directeur technique de la mairie. 

Le maire a réalisé pendant sa garde à vue qu'il était victime d'une escroquerie

Au cours de sa garde à vue, l'élu de droite a reconnu avoir été convaincu de l'existence de "la voix" et que cette femme, qu’il considérait comme sa fille, était douée de pouvoirs surnaturels. Ce n'est que lorsque les enquêteurs lui ont montré une vidéo de la femme en train de modifier sa voix qu'il a réalisé avoir été victime d'une escroquerie. En revanche, il nie avoir commis un quelconque délit. Du côté de l'opposition, Thierry Nadal affirme à France Bleu Hérault n'avoir "à aucun moment vu des signes de folie" de la part du maire. Il ajoute : "On a toujours eu quelqu'un en face de nous qui était très pertinent".

Le parquet de Béziers indique que les investigations vont encore prendre plusieurs mois sous l'autorité du magistrat instructeur. Une information judiciaire est ouverte contre X notamment pour "escroqueries en bande organisée, détournements de fonds par personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, prises illégales d'intérêts, recels de ces différents délits et travail dissimulé". Parallèlement, une quarantaine de personnes ont également été entendues dans cette affaire par les enquêteurs.

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