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Renault condamné pour "faute inexcusable" après un suicide

Le tribunal des affaires de sécurité sociale de Nanterre a condamné Renault pour "faute inexcusable" dans l'affaire du suicide d'un salarié du technocentre de Guyancourt en août 2006. La famille estime que le stress imposé à cet ingénieur a été à l'origine de son geste. C'était le premier d'une série de suicides qui se sont produits dans cet établissement.
Article rédigé par franceinfo
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Le 20 octobre 2006, Antonio B., ingénieur en informatique de 39 ans se jetait par une fenêtre du cinquième étage du Technocentre Renault, à Guyancourt (Yvelines). Trois autres salariés de cet établissement, ou rattachés à cet établissement allaient eux aussi mettre fin à leurs jours en six mois.
_ Mais le suicide d'Antonio B. est le seul qui a été reconnu comme accident du travail par la sécurité sociale. C'est le point final de trois ans de bataille juridique qu'écrit aujourd'hui le tribunal des affaires de sécurité sociale de Nanterre. Et Renault se voit condamné pour “faute inexcusable”.

La veuve et les frères d'Antonio B, père d'un enfant de 11 ans, le disaient. L'ingénieur a été victime d'une spirale infernale imposée par l'entreprise, et que d'autres salariés connaissent, comme l'ont montré depuis les suicides à France Telecom. Renault n'a pas respecté ses obligations de sécurité et a soumis Antonio B., et d'autres, à un stress professionnel destructeur.

Le technocentre, surnommé “la ruche”, ce sont 12.000 ingénieurs qui conçoivent les nouveaux modèles de la marque au losange. A des rythmes infernaux, puisque la direction de Renault avait imposé la sortie de huit nouveaux modèles par an, soit deux fois plus qu'auparavant, mais à effectifs constants.
_ A ce compte, les dépassements d'horaires étaient légions. La pression sur les résultats constante, avec une forte tendance à la culpabilisation. L'équilibre entre vie professionnelle et vie privée a été rompu, avec des journées de 12 heures de travail et des dossiers ramenés à la maison dans l'ordinateur portable. Ce sont les résultats de l'enquête commandée par la direction de Renault au cabinet d'audit Technologia, qui a travaillé ces derniers mois sur le cas de France Telecom. Renault a depuis adopté un plan de soutien, insuffisant selon les syndicats qui lui reproche de conserver des objectifs trop élevés.

Les proches d'Antonio B. ont demandé la majoration de la rente versée à la famille et un euro symbolique d'indemnisation. Selon la présidente ce jugement induit que la majoration de la rente sera au maximum et qu'un euro sera versé au titre du préjudice moral à la veuve et à son enfant. “On a pris acte de la décision”, a déclaré Me Béatrice Pola, avocate de Renault. Concernant un éventuel appel, “on va regarder la motivation et on se déterminera”, a-t-elle ajouté. “On va prendre le temps. c'est une décision importante”, a-t-elle poursuivi,
“c'est une affaire qui est délicate. La réserve s'impose”.

Grégoire Lecalot, avec agences

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