Regain de tensions entre le Kosovo et la Serbie après l'attaque d'un canal crucial pour l'approvisionnement en eau
Le ton monte entre le Kosovo et la Serbie. Une explosion a endommagé, vendredi 29 novembre, un canal vital pour l'approvisionnement en eau et le refroidissement de deux centrales thermiques, poussant les autorités du pays à renforcer la sécurité autour de ses "installations critiques". Samedi matin, l'affaire a pris un tournant diplomatique, le Kosovo accusant Belgrade d'avoir "orchestré" cette "attaque", ce que la Serbie a démenti.
L'explosion, qui a laissé un trou béant dans l'un des murs en béton du canal et laissé des milliers de litres d'eau s'échapper, a eu lieu tard vendredi près de Zubin Potok, à quelques kilomètres de la frontière avec la Serbie. Le canal achemine de l'eau du lac de Gazivode, à cheval entre les deux pays, et approvisionne en eau potable des centaines de milliers d'habitants du nord du Kosovo et une partie de la capitale, Pristina. L'eau est aussi essentielle pour le refroidissement de deux centrales thermiques dont l'arrêt plongerait le Kosovo dans le noir.
La production d'électricité n'était toutefois pas affectée samedi matin, car une solution temporaire a été trouvée, a fait savoir le ministre de l'Economie kosovar, Artane Rizvanolli. En revanche, l'approvisionnement en eau a été fortement réduit dans le Nord, où les autorités ont envoyé des citernes d'eau potable.
Des tensions régulières depuis 1999
Après un conseil de sécurité présidé par le Premier ministre, Albin Kurti, dans la nuit, le gouvernement kosovar a affirmé que "les premières indications suggèrent" que cette explosion a été "orchestrée par l'Etat serbe, qui est doté des capacités pour mener une telle attaque criminelle et terroriste". De son côté, la Serbie a elle-même condamné samedi matin "avec la plus grande fermeté l'attaque", dénonçant un "acte de sabotage inacceptable". "Nous appelons toutes les parties à résister aux provocations et à privilégier le dialogue, la compréhension mutuelle et la coopération", a souligné sur le réseau social X le ministre des Affaires étrangères serbe, Marko Djuric, tout en sous-entendant que le "régime" kosovar pourrait être "potentiellement impliqué" dans l'attaque.
La France a "condamné" samedi cette attaque et demandé "que toute la lumière soit faite sur cet attentat", dans une déclaration du ministère des Affaires étrangères appelant à ce que "les auteurs soient traduits devant la justice kosovare". Les relations entre Belgrade et Pristina n'ont jamais été apaisées depuis la fin de la guerre en 1999. Les tensions connaissent des pics réguliers, notamment dans le nord du Kosovo où vit une importante communauté serbe.
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