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Attaque à la mosquée de Bayonne : qui est Claude Sinké, l'auteur présumé des coups de feu qui ont fait deux blessés ?

Ancien candidat FN aux élections départementales, l'homme de 84 ans vit depuis de nombreuses années à Saint-Martin-de-Seignanx (Landes), où il est connu pour ses idées extrémistes.

Article rédigé par franceinfo
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Claude Sinké, sur une photo postée sur Facebook en septembre 2014. (FACEBOOK)

Il était inconnu des services de police, mais s'était déjà fait remarquer pour des prises de parole haineuses et agressives. Claude Sinké, l'auteur présumé des tirs ayant blessé deux personnes lundi 28 octobre devant la mosquée de Bayonne, a reconnu les faits lors de son interpellation, a appris franceinfo de source proche de l'enquête. Franceinfo dresse le portrait de cet homme de 84 ans.

Un ancien candidat FN aux idées radicales

Claude Sinké avait été candidat pour le Front national aux élections départementales de 2015 dans les Landes, dans le canton de Seignanx. Selon Jacques Leclercq, délégué adjoint landais du Rassemblement national (RN), Claude Sinké avait ensuite été "écarté du parti", sans plus de précisions. "Quand on a appris qu'il se présentait pour le FN, on s'est dit : ils ne savent pas qui ils ont recruté...", témoignent des voisins. 

Sur France Bleu, Lionel Causse, maire de Saint-Martin-de-Seignanx entre 2014 et 2017, se souvient de prises de position xénophobes et homophobes.

Il n'aimait pas les étrangers, il n'aimait pas son maire, il n'aimait personne. C'était quelqu'un de colérique.

Lionel Causse, ancien maire de Saint-Martin-de-Seignanx

à France Bleu

"C'est quelqu'un qui pouvait être sympathique si vous parliez art avec lui. Mais il ne fallait jamais parler politique, ça finissait toujours par des mots un peu hauts, mais ça n'allait jamais plus loin. Il était fui pour ses excès verbaux", se souvient auprès de l'AFP Mike Bresson, un adjoint de Saint-Martin-de-Seignanx. En résumé, "il n'aimait pas les gens de gauche, du centre et peu ceux de droite".

Il y a quelques années, l'octogénaire avait partagé sur Facebook son admiration pour le polémiste Eric Zemmour. Un témoin, cité par La République des Pyrénées, raconte une anecdote éclairante : "Il était connu pour ses idées. On avait même dû lui arracher le micro lors d’une cérémonie d'hommage aux victimes du Bataclan, pour éviter qu'il ne parle et ressasse ses idées extrémistes."

Un administré qui "faisait parler de lui"

L'homme était bien connu des élus de la commune. "Il faisait parler de lui et jamais en bien, témoigne l'ancien maire Lionel Causse. Il venait importuner les agents de la mairie, les menacer de porter plainte, d'aller au tribunal..." Le manège a continué avec l'équipe municipale suivante. "Il considérait qu'il n'était pas écouté. Il venait parfois à la mairie, ou appelait, pour se plaindre de diverses choses", raconte à l'AFP Francis Geraudie, premier adjoint de la commune. "Une fois, il avait agressé verbalement la maire, j'ai dû intervenir pour le calmer", souvient Bertrand Lagarde, un autre élu.

Les élus municipaux n'étaient pas ses seules cibles. Il y a quelques jours encore, comme l'a rapporté Sud Ouest, Claude Sinké avait adressé un courrier rageur à l'ordre des avocats de Bayonne, adressé au procureur de Dax. "Ce monsieur voulait porter plainte contre le président Macron, c'était assez confus, il y avait plein de motifs", dont "non-application des droits de l'Homme, a expliqué Teddy Vermote, le bâtonnier de Bayonne. On n'a pas perçu de menace. Ce genre de courrier, c'est complètement anecdotique."

Un sculpteur et un auteur

L'octogénaire est aussi un passionné de sculpture. En 2013, Sud Ouest dressait le portrait d'un "sculpteur saint-martinois inclassable et engagé" et présentait sa dernière réalisation, inspirée par la crise financière de 2008. "Baptisée 'Vincent', la sculpture représente un pauvre hère de 93 centimètres de hauteur juché sur une sphère de 30 centimètres, composée de hêtre et de sept bois précieux, et incarne pour l’artiste la misère humaine", écrit le quotidien régional.

Claude Sinké avait aussi écrit un livre il y a cinq ans, La France à cœur ouvert ou la misère humaine, où il expliquait "traiter des rapports entre les dominants et les dominés". 

Un retraité de l'éducation nationale

Le suspect qui est toujours en garde à vue mardi matin est un retraité de l’éducation nationale. Il ne s’agit pas d’un ancien militaire, mais il a suivi une formation militaire, selon les informations recueillies par France Bleu Pays basque et franceinfo auprès de sources policières et militaires. Il a fréquenté le lycée militaire d'Aix-en-Provence, indique France Bleu Pays basque. 

Un homme "très seul"

Pour certains habitants de la commune, interrogés par l'AFP, l'homme était à tout le moins "atypique" et "donnait l'apparence de quelqu'un psychologiquement perturbé". Gérard Claverie, secrétaire départemental EELV, abonde. "Je l'ai croisé à de rares reprises, il semblait réfractaire à toute discussion logique : il était capable de dire tout et son contraire en l'espace de 5 minutes".

Une voisine qui avait connu Claude Sinké à Anglet, près de Bayonne, disait lui connaître un fils, qu'il voyait peu, et un petit-fils, qui en revanche venait le voir. "Il avait l'air d'un monsieur très seul", résume un couple de voisins, qui n'en revenait pas de l'attaque dont l'homme de 84 ans est suspecté d'être l'auteur. "Faire ça à son âge... D'autant qu'il marche mal, je l'ai déjà vu avec une canne. Et il voit mal."

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