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Puy-de-Dôme : ce que l'on sait de la mort de trois gendarmes qui intervenaient pour violences conjugales

Les militaires, qui appartenaient à la compagnie d'Ambert, ont été tués près de Saint-Just alors qu'ils tentaient de porter secours à une femme.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Un gendarme devant la mairie de Saint-Just (Puy-de-Dôme), le 23 décembre 2020. (OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)

La gendarmerie nationale est endeuillée. Trois gendarmes âgés de 21 à 45 ans ont été tués et un quatrième blessé par des tirs alors qu'ils étaient en train d'intervenir pour des faits de violences conjugales, près de Saint-Just (Puy-de-Dôme), dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 décembre. L'auteur présumé des coups de feu a été retrouvé mort en début de matinée. Voici ce que l'on sait du drame. 

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Les gendarmes appelés sur place pour des "violences intrafamiliales"

Deux gendarmes du groupement de gendarmerie départementale du Puy-de-Dôme se sont rendus dans un hameau isolé près de Saint-Just, dans la soirée de mardi. "C'est une opération de gendarmerie qui s'inscrit dans un cadre de violence intrafamiliale", rapportait mercredi matin, vers 7 heures, la préfecture du Puy-de-Dôme.

Une amie de la femme agressée par son conjoint a donné l'alerte et a appelé la gendarmerie vers 20h50, en expliquant que cette femme s'était réfugiée sur le toit de sa maison pour lui échapper, a expliqué le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Eric Maillaud, lors d'une conférence de presse, mercredi soir. Il n'y avait dans ce couple "aucun antécédent connu de violences conjugales, aucune plainte pour des menaces", a indiqué le procureur qui a néanmoins précisé que des "vérifications" sont encore en cours pour s'assurer qu'aucune main courante n'a été déposée, dont le parquet n'aurait pas eu connaissance.   

Visés par des tirs alors que l'homme tentait de fuir

La première patrouille qui arrive sur les lieux constate la présence d'un homme armé. Elle appelle alors des renforts. "Plus d'une vingtaine de gendarmes sont intervenus", a précisé le procureur, sans que l'on connaisse à l'heure actuelle la chronologie précise de leur arrivée. En intervenant pour mettre à l'abri la femme qui avait trouvé refuge sur le toit, alors qu'un incendie s'est déclaré dans la maison, les gendarmes essuient des tirs.

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Vers 22h20, un premier gendarme, le brigadier Arno Mavel, âgé de 21 ans, est grièvement touché. Il a succombé à ses blessures malgré l'intervention des secours. Un deuxième militaire est lui aussi blessé à la cuisse, mais ses jours ne sont pas en danger. A 22h45, l'homme tente de quitter la maison pour prendre la fuite. Une deuxième unité est prise sous le feu à ce moment-là. Deux gendarmes ont été tués, Cyrille Morel, un lieutenant de 45 ans et Rémi Dupuis, un adjudant de 37 ans.

L'intervention était "difficile", a expliqué la porte-parole de la gendarmerie nationale, Maddy Scheurer, sur franceinfo. "Il fait nuit. On est en zone rurale où il fait sombre et finalement, l'auteur présumé des violences conjugales, tire sur les gendarmes. Cette femme est sur le toit de la maison qui prend feu, tout est allé extrêmement vite." Après les tirs, l'homme a pris la fuite à bord d'un véhicule 4x4. 

Une intervention du GIGN

Le GIGN (groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) de Dijon est arrivé sur place vers 2h30 du matin, rejoint par celui de Versailles-Satory. Des moyens conséquents sont déployés, avec le renfort d’un escadron de gendarmerie mobile, un hélicoptère et des équipes cynophiles. Au petit matin, les recherches se poursuivent pour retrouver l'homme qui a pris la fuite. 

L'auteur retrouvé mort

Aux alentours de 8h45, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé sur Twitter que l'homme recherché a été retrouvé mort.

Le corps de l'auteur présumé des tirs a été découvert dans son véhicule à proximité des lieux du drame. Son 4x4 a quitté la route et s'est écrasé contre un arbre. Les premiers éléments laissent penser à un suicide : "il avait une arme à la main droite" et présentait une perforation par balle "entre le tympan droit et le tympan gauche", a précisé le procureur.

Un homme lourdement armé et au profil inquiétant

Le tireur, qui s'appelle Frédérik Limol et est né en 1972, avait lancé une entreprise d'exploitation forestière à Saint-Just à l'automne 2019. Il était connu des services de police et de la justice, notamment pour des problèmes de garde avec son ancienne conjointe et pour non-paiement de la pension alimentaire, a indiqué le procureur de Clermont-Ferrand. Il avait également fait l'objet d'une procédure pour menaces de mort, selon une source proche de l’enquête. 

Tireur sportif, il possédait des armes dans ce cadre-là. Sur lui, ont également été découverts des couteaux, un gilet pare-balles, un système de visée laser... Frédérik Limol avait "un profil particulièrement inquiétant en termes de personnalité", a déclaré le procureur de la République de Clermont-Ferrand. "Il fréquentait les stages d'entraînement à la survie. Il semblerait également qu'il était persuadé de la fin du monde prochaine", a-t-il encore ajouté. 

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Les trois militaires appartenaient à la compagnie d'Ambert

Les trois gendarmes tués appartenaient à la compagnie d'Ambert, dans le Puy-de-Dôme. Le brigadier Arno Mavel, 21 ans, était gendarme adjoint volontaire. Le lieutenant Cyrille Morel, 45 ans, qui dirigeait la compagnie, et l'adjudant Rémi Dupuis, 37 ans, avaient respectivement deux enfants.

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Une enquête qui débute à peine

La conjointe de Frédérik Limol, Sandrine S., a été hospitalisée. "Elle est particulièrement choquée", a indiqué le procureur qui précise qu'elle n'a pas encore pu être entendue. 

L'enquête devra faire la lumière sur les faits avant l'arrivée des premiers gendarmes mais aussi sur le déroulé de l'opération de gendarmerie. Les proches de Frédérik Limol seront également entendus pour tenter d'y voir plus clair sur les motivations et le profil de l'assaillant, ainsi que sur son arsenal. 

De nombreuses réactions politiques et une vive émotion 

"La nation s'associe à la douleur des familles. Pour nous protéger, nos forces agissent au péril de leur vie. Ce sont nos héros", a réagi sur Twitter le chef de l'Etat, Emmanuel Macron. Le Premier ministre, Jean Castex, s'est également exprimé sur le réseau social : "Je partage la douleur de leurs proches et de leurs frères d'armes et les assure de mon indéfectible soutien."

Dans leur communiqué, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, ont quant à eux présenté "leurs sincères condoléances à leurs familles, à leurs proches ainsi qu'à l'ensemble de leurs camarades de la gendarmerie"

La lieutenant-colonel Maddy Scheurer a pour sa part appelé sur franceinfo à rendre aux trois gendarmes "le vibrant hommage qu'ils méritent parce qu'ils sont allés au bout de leur engagement". Il n'y a pas d'intervention "anodine" quand on est gendarme, a-t-elle relevé. "On a, en tant que gendarme, en tête le décès de deux camarades féminines à Collobrières (Var) en 2012. Alicia et Audrey ont perdu la vie en intervenant sur des violences intrafamiliales."

Dans le village de Saint-Just, l'émotion était vive mercredi. 

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