Procès Viguier : l’amant et le commissaire à la barre
Très incisif en première instance ("c’est toi qui l’a tuée", avait-il lancé à Jacques Viguier), Olivier Durandet devrait être un peu plus sur la défensive pour sa comparution en appel, à partir de 14 heures. Entre temps, l’amant de Suzanne Viguier a passé mardi quelques heures en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte pour subornation de témoin (lire notre article ci-dessous).
Olivier Durandet devrait essuyer cet après-midi un feu nourri de questions de Me Dupont-Moretti. La défense s’attachera sans doute à décrédibiliser l’enquête qui s’est, selon elle, focalisée essentiellement sur le mari, et a délaissé d’entrée l’amant, jamais inquiété ni suspecté.
Dix-huit coups de fil
C’est pourtant lui qui s’est inquiété le premier de la disparition de "Susi" (surnom donné à sa maîtresse) en passant pas moins de 18 appels dès le premier jour. Ce qui lui vaudra le sobriquet d’"auxiliaire zélé de la justice", donné par la défense. C’est lui encore qui revient dans la maison des Viguier, deux jours après le meurtre, en compagnie de la baby-sitter qu’il convint de ne pas en faire mention.
L’audition du commercial, homme joufflu aux fines lunettes et aux cheveux grisonnants, sera complétée demain mardi par l’autre temps fort de la dernière semaine d’audience : le témoignage du commissaire de police chargé de l’enquête.
L'émotion face aux incohérences
Robert Saby a toujours cru en la culpabilité du professeur agrégé de droit. "On sait qu'il nous ment, on est sûr qu'il nous ment (…) Pour nous l'objectif était de retrouver la mère de trois enfants, mais jamais ils ne sauront où elle est, et il n'y a qu'un homme qui pourrait leur faire savoir", avait déclaré le commissaire en première instance. Le commissaire devra donc expliquer pourquoi il a sciemment décidé de ne pas explorer la piste de l’amant.
Jeudi, avant les plaidoiries des avocats, les enfants de Jacques Viguier – Clémence, 21 ans, Nicolas et Guillaume, 17 ans – devraient venir répéter qu’ils sont convaincus de l’innocence de leur père. C’est le témoignage poignant de ses enfants qui avait emporté la décision des jurés en première instance. En acquittant Jacques Viguier, les jurés avaient voulu ne pas priver de leur père ces enfants déjà meurtri par la mort de leur mère.
_ L’émotion sera-t-elle, une nouvelle fois, plus forte que les incohérences et les imprécisions dans les déclarations de Jacques Viguier ?
Gilles Halais, avec agences
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