Procès Clearstream : Villepin au-dessus de la mêlée
Dix minutes à peine après le début de l'audience, Imad Lahoud confirme avoir ajouté un seul nom sur les listings Clearstream, celui de Nicolas Sarkozy. Le mathématicien maintient sa stratégie de défense et n'hésite pas à faire de la physique, citant "le principe de gravitation" : les "choses tombent et ne remontent pas"... Imad Lahoud explique qu'il n'a fait que répondre aux ordres venus d'en haut. "J'ai toujours dit que Jean-Louis Gergorin se prévalait d'instructions reçues par Dominique de Villepin quand il me demandait d'ajouter des noms", insiste-t-il.
L'avocat de Jean-Louis Gergorin insiste pour savoir s'il a rajouté d'autres noms : "non, juste Nagy et Bocsa, les deux patronymes de Nicolas Sarkozy" répond Imad Lahoud. Me Témime, ironise: "c'est votre dernière vérité, il n'y en a pas d'autre ?". Car Imad Lahoud ne parvient pas, avec ses réponses confuses et imprécises, à se défaire de son image d'affabulateur.
Jean-Louis Gergorin convient tout de même que cette liste de noms "est totalement absurde" . Mais "fasciné" par l'affaire, "persuadé que les listings étaient vrais", il n'en fera jamais vérifier le contenu. L'ancien patron d'EADS est un peu bousculé par la cour. Après l'avoir taxé d'être le "petit facteur inutile" d'Imad Lahoud, le représentant du parquet s'énerve face à son "art consommé de répondre très longuement à côté des questions qu'on (lui) pose".
Les listings : "du lard ou du cochon" ?
Enfin, vers 17h la présidente appelle Dominique de Villepin. Dans le déroulé de l'affaire, nous sommes en 2004, et la cour veut faire la lumière sur la façon dont l'ex-dirigeant d'EADS et celui qui était à l'époque ministre des Affaires étrangères se sont rencontrés. Les deux hommes sont d'accord sur la date : le 1er janvier. Ils conviennent d'avoir abordé "un problème avec le général Rondot" et "une menace sur les intérêts du pays" . "On ne savait pas si c'était du lard ou du cochon, il n'était donc pas question d'en parler au président de la République", précise Dominique de Villepin.
Mais si Jean-Louis Gergorin se souvient d'avoir prononcé le mot "Clearstream", Dominique de Villepin ne l'a pas entendu... L'ancien premier ministre nie également avoir reçu une note que Jean-Louis Gergorin affirme lui avoir rédigée afin de lui expliquer la nature du "système" de la chambre de compensation. "Je n'ose imaginer la tête de Jacques Chirac si je lui avais remis un document tel que celui-ci", ironise Dominique de Villepin après avoir lu un extrait de la note bourré de termes techniques.
L'ancien Premier ministre répondra encore aux questions de la cour demain après-midi.
Caroline Caldier
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.