Prisons : ces suicides derrière les barreaux
Trois détenus se sont suicidés depuis quinze jours au centre de détention de Pémégnan à Mont-de-Marsan.
_ Pourtant, l'établissement est neuf. Il a ouvert il y a tout juste un an. 658 détenus y sont incarcérés.
Selon le délégué de l'Union fédérale autonome pénitentiaire (Ufap) de la maison d'arrêt de Mont-de-Marsan, Jean-Yves Cellier, six détenus ont mis fin à leurs jours depuis l'ouverture de cette nouvelle prison.
La représentante de l'Observatoire international des prisons (OIP), pour l'Aquitaine, le Limousin et le Poitou-Charente, Barbara Liaras, regrette les options “sécuritaires” de l'administration: “La prévention des suicides en prison est quelque chose d'hyper-technique et on reste dans le tout sécuritaire. On ne lutte pas contre le suicide avec des pyjamas en papier”.
Triste record en France
La France est le pays d'Europe de l'Ouest où le phénomène du suicide en prison est le plus important sur la période 2002-2006, selon un récent rapport de l'Institut national d'études démographiques (Ined).
Avec 20 suicides pour 10.000 détenus, la France est loin devant le Danemark (13), la Belgique, le Portugal, le Royaume-Uni.
C’est en Grèce que le taux de suicides est le plus bas (4 pour 10.000).
Le taux de suicides dans les prisons françaises a quintuplé en 50 ans alors qu'il a dans le même temps peu changé dans la population générale, remarque l'institut.
115 suicides en 2008
Pendant l’été 2009, suite au rapport de la commission Albrand sur la prévention du suicide en milieu carcéral, Michèle Alliot-Marie avait annoncé son plan d’action pour lutter contre les suicides dans les prisons.
Pour la Ministre de la justice, le nombre de suicides en prison ne doit être “ni tabou, ni source de polémique stérile”. Selon la Garde des sceaux, il faut “jouer la transparence”.
_ Six mois après pourtant, il est toujours difficile de connaître avec précision les chiffres des suicides de détenus. L'administration pénitentiaire ne communique toujours pas les chiffres 2009.
On sait que le taux de suicide en prison en France est cinq à six fois plus élevé que chez les hommes libres.
L'Observatoire International des Prisons avait déjà recensé 116 suicides début décembre.
L'association non gouvernementale “Ban public” en a recensé 129 en 2009.
En 2008, il y a eu 115 suicides dans les 194 établissements pénitentiaires français.
Avec 62.181 détenus pour 53.300 places, la surpopulation carcérale pourrait expliquer ces suicides mais elle n’est pas seule responsable du phénomène, estime l'Ined.
L’Institut a remarqué que le nombre de suicides peut diminuer quand le nombre de détenus augmente.
L'Ined remarque que les prévenus [[détenus encore non jugés]] se suicident deux fois plus que les condamnés.
Mikaël Roparz
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