Prison avec sursis pour avoir ligoté un collègue noir
La scène a eu lieu il y a cinq ans. Ce soir-là, après un pot offert par la direction de l'usine Osram à
Molsheim, Théodore N'Kamdo est attaché à un poteau avec du ruban
adhésif, à environ 20 centimètres du sol, pendant plusieurs minutes, dans un atelier. En cause, trois salariés qui ont assuré avoir voulu faire "une farce" à leur collègue d'origine camerounaise. Ils le prennent en photo, et font circuler le cliché dans toute l'usine.
Une "farce" sur fond de racisme : l'un des prévenus a reconnu devant le tribunal, aujourd'hui, avoir dit "bamboula, descend de ton cocotier" à Théodore N'Kamdo. Mais c'était, affirme-t--il, à un autre moment, parce que ce dernier "était dans les nuages".
Mais pour la représentante du ministère public, Marjolaine Poinsard, tout cela n'a rien d'une plaisanterie : les faits de violences en réunion sont parfaitement caractérisés car la position était
"particulièrement humiliante" et "cela a été douloureux tant physiquement que moralement" pour la victime.
Théodore N'Kamdo a d'ailleurs témoigné à l'audience des
souffrances psychologiques entraînées par cet épisode, et qui persistent à ce jour : "Ca me fait tellement mal, je me sens toujours attaché à ce poteau,
je n'ai pas pris ça pour une plaisanterie, à un moment j'ai pris ça pour
l'esclavage".
L'intention raciste n'a par contre pas été retenue. "Le dossier a permis d'établir que des propos
racistes ont été tenus, mais la législation n'en faisait pas une
circonstance aggravante à l'époque des faits".
Le tribunal correctionnel de Saverne a condamné les trois prévenus à un mois de prison avec sursis et 1.000 euros de dommages et intérêts.
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