Yvelines : la vidéo d'une interpellation musclée contredit la version des policiers
L'interpellation d'un trafiquant de drogue présumé à Chanteloup-les-Vignes ne se serait pas déroulée comme l'ont affirmé les policiers, selon des témoins. La "police des polices" a ouvert une enquête.
De nombreux doutes subsistent après l'interpellation musclée d'un présumé trafiquant de drogue, survenue le 16 octobre devant un local de la cité de la Noé, à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). Le 23 octobre, la justice a demandé à l'Inspection générale de la police nationale, la "police des polices", d'enquêter sur cette affaire. Les six policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC), qui ont procédé à l'arrestation du suspect, âgé de 25 ans, affirment avoir eu affaire à un homme très agressif qui les a obligés à utiliser la force, dans une situation d'extrême tension. Mais une vidéo de la fin de l'interpellation, diffusée sur Facebook quelques jours après les faits, semble remettre en cause cette version, comme l'explique Le Monde.fr, mardi 3 novembre.
D'après le procès-verbal dressé par les hommes du commissariat de Conflans-Sainte-Honorine, le suspect a été interpellé en possession de stupéfiants et s'était "rebellé en portant des coups" contre les deux policiers qui le menottaient. L'un d'eux a eu une entorse à la cheville et l'autre une dent cassée. Mais un témoignage relayé par Le Monde vient donner une autre version : "L’un des policiers le bloquait avec son genou. Et puis quand ils l’ont fait basculer sur le ventre, un autre lui a donné un coup de pied au visage. C’était très violent, il ne bougeait plus, j’ai cru qu’il était mort."
"Ils font leur boulot"
La vidéo de l'interpellation donne également un autre éclairage que celui avancé par les policiers. La séquence débute au moment où le suspect est menotté, au sol. Il est d'abord traîné jusqu'à une voiture de police et projeté sur le véhicule. Puis un policier l'empoigne et lui donne un coup de poing au visage, avant de le traîner à nouveau jusqu'à un autre véhicule.
Les images contredisent également le PV officiel quant à l'agressivité d'un autre homme, un "individu de type africain" présent sur les lieux. Décrit comme prêt à lancer une pierre sur les policiers dans le procès verbal, on le voit, dans la vidéo, protester avant de s'éloigner. Le tir de Flash-Ball opéré dans sa direction par un des hommes de la BAC est justifié dans le PV par la présence d'"un groupe d’une dizaine d’individus hostiles", que l'on ne voit pas sur la vidéo. En revanche, sur d'autres images consultées par Le Monde, nulle trace de cet attroupement menaçant.
D'après le site du quotidien, cette polémique irrite la police locale. "Ce sont des collègues qui dérangent parce qu’ils font leur boulot. Ils mettent des coups de pied dans la fourmilière" estime Maryline Béreaud, secrétaire départementale du syndicat Alliance-Police nationale. La Ligue des droits de l'homme dénonce, de son côté, la récurrence de "réécritures des faits" qui "ont des effets de discrédit considérables de la police et de la justice auprès de la population".
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