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Violences de la BRAV-M : "Le plus choquant en réalité, c'est le silence assourdissant du ministre de l'Intérieur", estime la députée Nupes Clémentine Autain

Invitée de franceinfo, Clémentine Autain, députée LFI-NUPES de Seine-Saint-Denis dénonce l'attitude du préfet de police et du ministère de l'intérieur au sujet des violences dont sont accusés plusieurs agents de la Brav-M.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis, était mercredi 30 novembre l'invitée du 8h30 franceinfo.  (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"Ce qui est le plus choquant en réalité, c'est le silence assourdissant du ministre de l'Intérieur, qui lui est responsable", estime samedi 25 mars, sur franceinfo, Clémentine Autain, députée LFI-NUPES de Seine-Saint-Denis au sujet des violences dont sont accusés plusieurs agents de la Brav-M, après la diffusion d'un enregistrement sonore. Pour la députée, ces brigades motorisées "font partie d'un arsenal qui n'est absolument pas adapté" aujourd'hui en France pour le maintien de l'ordre. Egalement questionnée sur les affrontements ce samedi à Sainte-Soline, dans les deux Deux-Sèvres, Clémentine Autain répond que pour elle, "la méthode n'est pas bonne" et que la manifestation "n'aurait pas dû être interdite".

franceinfo : Laurent Nunez, le préfet de police de Paris, a annoncé avoir saisi l'IGPN, c'est la réaction que vous attendiez ?

Clémentine Autain : On aurait pu s'attendre à une suspension vu la gravité des faits qui ont tourné. C'est une vidéo que trois millions de personnes ont vu à ce jour. Si c'était isolé, on pourrait l'entendre. Le problème, c'est que nous sommes face à une répétition de comportements pour le moins inappropriés, dangereux, violents, de la part de forces de l'ordre qui sont censées nous protéger et qui mettent en péril le droit de manifester et qui se comportent en totale rupture avec la déontologie. Ce qui est le plus choquant en réalité, c'est le silence assourdissant du ministre de l'Intérieur, qui lui est responsable. Monsieur Darmanin est le responsable de cette situation. Or, on a le sentiment qu'il veut que le bruit des matraques recouvre la colère des manifestants. Il est dans une stratégie de la tension. Il fait ovationner les forces de l'ordre mais il n'est pas capable de poser les mots indispensables qui permettent de lever l'impunité dont jouissent aujourd'hui les policiers. 

Est-ce qu'il y a un souci spécifique avec les brigades de policiers motorisés ?

Oui. Elles font partie d'un arsenal qui n'est absolument pas adapté. On est regardé à travers le monde. Le Conseil de l'Europe s'est alarmé d'un usage excessif de la force. La Défenseure des droits rappelle dans notre pays ses recommandations sur le respect des règles de déontologie par les forces de l'ordre parce qu'elles ne sont pas respectées. Amnesty International a mis en garde la France sur les pratiques de maintien de l'ordre. J'ai écouté monsieur Nunez sur franceinfo et il dit quelque chose qui n'est pas juste : ces brigades ne sont pas spécialisées dans le maintien de l'ordre des manifestations. Elles ressemblent à ces voltigeurs qui justement ont été dissouts après la mort de Malik Oussekine [mort en 1986 après avoir été frappé par des policiers en marge d'une manifestation contre un projet de réforme des universités, ndlr]. Ce n'est pas adapté [...] La police française reçoit des ordres et par ailleurs elle est à bout. Les policiers qui sont soumis à cette injonction à faire du chiffre d'interpellations, à "nasser"... Ce sont des ordres donnés et ce n'est pas l'IGPN qui a réglé le problème depuis tout ce temps.

Concernant les affrontements ce samedi à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres entre forces de l'ordre et opposants au projet des méga-bassines, quel est votre sentiment ?

En regardant les images et écouter les informations, j'ai pensé à Rémi Fraisse [mort en octobre 2014 par un tir de grenade lors d'une manifestation à Sivens dans le Tarn, ndlr]. Là, on apprend qu'il y a trois manifestants et notamment un qui est dans un état grave et aussi des gendarmes. Ce sont des méthodes qui mettent en danger tout le monde. Que des manifestants puissent craindre pour leur vie en allant exprimer une colère, contester le pouvoir en place, c'est incroyable. La méthode n'est pas bonne. Quand vous avez 30 000 personnes [selon les organisateurs] qui viennent manifester contre un chantier de méga-bassines, et qui ont raison de le faire, il n'y a aucune raison qu'elles se trouvent face à des grenades. Cette manifestation n'aurait pas dû être interdite. Nous ne serions pas arrivés à ce niveau de violences.

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