Strasbourg : un policier condamné à 18 mois de prison avec sursis pour avoir matraqué une "gilet jaune"
La blessure de la sexagénaire avait nécessité la pose d'une dizaine de points de suture à la tête. Et selon le rapport de l'IGPN, le gardien de la paix "n'était pas menacé directement ou personnellement par un manifestant ou par la victime".
Un gardien de la paix a été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis simple par le tribunal correctionnel de Strasbourg (Bas-Rhin), samedi 20 juin, pour avoir matraqué une manifestante "gilet jaune" en janvier 2019. La peine est assortie de cinq ans d'interdiction de port d'arme et d'une inscription au casier judiciaire. Le parquet, de son côté, avait requis douze mois de prison avec sursis.
Selon le rapport de la délégation de Metz de l'IGPN, consulté par l'AFP, le gardien de la paix, identifié comme étant l'auteur du coup de matraque, "n'était pas menacé directement ou personnellement par un manifestant ou par la victime" lors de la manifestation qui s'était déroulée dans le centre-ville de Strasbourg, le 12 janvier 2019 et s'était soldée par des heurts avec les forces de l'ordre.
Il reconnaît "le caractère illégitime de l'action"
La manifestante, âgée de 62 ans, qui n'était pas armée, a eu une dizaine de points de suture à l'arrière de la tête. Le procureur, Alexandre Chevrier, a pointé "une violence totalement disproportionnée" de la part de ce policier de 47 ans, dans la police depuis 23 ans et bien noté par sa hiérarchie. "Il a manqué à ses devoirs et à son serment, il rabaisse l'institution qu'il est censé servir", a accusé le procureur, tout en reconnaissant un "contexte de violences ce jour-là et sans doute de 'fatigue'". Il a réclamé "une réprobation sociale claire".
Le gardien de la paix à la brigade d'intervention a expliqué devant le tribunal avoir été stressé. Il a admis "le caractère illégitime de l'action" et reconnu avoir administré un coup de matraque, affirmant ne pas se souvenir du reste. Au vu des images de vidéosurveillance, le parquet a pour sa part retenu "deux coups de matraque" et "on le voit esquisser deux coups de pied au sol".
L'avocate du gardien de la paix, Christine Meyer, a mis en avant "le stress et la tension extrême" pendant la manifestation ayant abouti à "ces gestes regrettables". "Vous avez frappé par plaisir", a pour sa part affirmé l'avocat de la manifestante, Me Renaud Bettcher, selon qui la peine prononcée fait risquer au gardien de la paix la radiation de la police.
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