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Producteur tabassé à Paris : "Nous aurions aimé un placement en garde à vue" des policiers, déplore l'avocate Hafida El Ali

L'avocate de la victime a notamment réagi aux propos de Gérald Darmanin qui a qualifié les "images d'inqualifiables". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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L'avocate Hafida El Ali et Michel, producteur de musique à Paris victime de violences policières, le 26 novembre 2020.  (AURORE MESENGE / AFP)

"Nous aurions aimé un placement en garde à vue, une procédure habituelle, ce que l'on n'a pas eu", a déploré vendredi 27 novembre sur franceinfo Hafida El Ali, avocate de Michel Zecler, producteur de musique tabassé par des policiers samedi dernier à Paris. La suspension d'un quatrième policier impliqué dans ces faits a été demandée par le ministère de l'Intérieur jeudi à la Direction de la police, a appris franceinfo. L'avocate du producteur fait le lien entre cette affaire et l'article 24 du "projet de loi de sécurité globale" qui vise à interdire la diffusion de certaines images de policiers. "Si nous ne disposions pas de ces vidéos, mon client serait en détention."

franceinfo : Comment va votre client ?

Hafida El Ali : Il va beaucoup mieux. Il va aujourd'hui à l'hôpital pour faire différents examens. Nous attendons également la date pour un nouvel examen des unités médico-judiciaires pour une réévaluation éventuelle du nombre de jours d'Incapacité temporaire de travail (ITT). Il y a quand même un traumatisme. Quand il voit des véhicules de police autour de sa société, il est un peu en panique. Il croit qu'il est suivi. Même s'il est une force de la nature, il se bat comme il peut. Quand on connaît Michel, on sent qu'il est très affecté.

Les policiers ont déclaré qu'il avait une attitude suspecte et qu'il avait tenté d'échapper à un contrôle de police. Est-ce exact ?

C'est totalement faux. En aucun cas, il ne s'enfuit. Nous attendons les caméras de vidéosurveillance à l'extérieur, notamment avenue Niel. Mon client indique clairement que les policiers sont dans leur véhicule, qu'ils le regardent. Il imagine que c'est à cause de son masque qu'il n'a pas, et il rentre chez lui. Il y a 30 mètres entre l'avenue Niel et la société dans laquelle il travaille. Il accélère peut-être le pas.

Si ces images n'avaient pas été tournées et diffusées par le site Loopsider, où serait votre client ce matin ?

Mon client serait dans une maison d'arrêt ce matin. Dès le départ, c'est lui qui a été accusé de "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique" ainsi que de "rébellion". Compte tenu des ITT qui ont été prescrits par les unités médico-judiciaires pour les services de police, on peut imaginer qu'il serait actuellement placé sous mandat de dépôt. Le lien [avec l'article 24 de la loi de sécurité globale] est évident. Si nous ne disposions pas de ces vidéos, mon client serait en détention.

Gérald Darmanin a parlé d'images inqualifiables. Il a rappelé jeudi soir sur France 2 que les policiers sont suspendus, qu'ils seront révoqués si les faits sont confirmés, qu'ils n'auront plus jamais le droit de porter un uniforme. Est-ce que c'est la réponse que vous attendiez ?

C'est une réponse évidente et nécessaire, puisqu'elle permettrait la protection de l'ordre public, compte tenu de leurs agissements. J'aurais peur, en tant que citoyen, de me retrouver face à ces policiers demain. Néanmoins, nous aurions aimé, comme toute personne qui aurait commis des actes aussi graves, un placement en garde à vue, une procédure habituelle, ce que l'on n'a pas eu aujourd'hui.

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