"Ce n'est pas un changement de doctrine car la doctrine française du maintien de l'ordre reste la même, c'est-à-dire, mettre à distance les foules et éviter les morts et les blessés", a expliqué vendredi 11 septembre sur franceinfo Fabien Jobard, directeur de recherches au CNRS et au centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), spécialiste des questions de police, après les annonces du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur notamment l'utilisation du LBD (lanceur de balles de défense) lors des manifestations."Ce qui fait problème, ce sont les moyens de mise en œuvre, notamment les armements que le ministre a évoqués" comme "les lanceurs de balles de défense", a-t-il poursuivi. Gérald Darmanin a annoncé que chaque tir de LBD lors de manifestations serait désormais soumis à l'accord d'un "superviseur"."On va naviguer dans des eaux troubles""Je ne suis pas surpris d'entendre le ministre de l'Intérieur dire que le LBD devrait être employé dans des conditions très strictes", affirme Fabien Jobard. Cependant, "il ne le retire pas", et quand il parle d'un superviseur, "c'est l'ambiguïté de l'annonce, on va naviguer dans des eaux troubles en ce qui concerne l'usage du LBD. Est-ce une arme de maintien de l'ordre ou seulement une arme de légitime défense ? L'ambiguïté n'est pas tout à fait levée encore", a-t-il estimé.Selon le chercheur, même "le préfet de Paris Didier Lallement avait estimé à sa prise de fonction que le LBD n'était pas un outil de maintien de l'ordre classique, les syndicats de CRS n'ont jamais vraiment vu le LBD comme une arme propre au maintien de l'ordre pas plus que les gendarmes", a-t-il détaillé.Une nouvelle grenade de désencerclement "moins dangereuse"Gérald Darmarnin a aussi annoncé qu'une nouvelle grenade à main de désencerclement (GMD), censée être moins dangereuse, serait utilisée dès ce samedi, date de nouvelles mobilisations de "gilets jaunes". D'après Fabien Jobard, "ce sont des grenades qui, après explosion, envoient des plots en caoutchouc qui provoquent des chocs à hauteur du tibia et qui stoppent la course des individus qui posent un problème ou un danger pour les policiers.""Ces armes sont employées en France mais" elles ne le sont pas "dans l'écrasante majorité des pays européens, des pays d'Europe de l'Ouest. Ce sont des aménagements tactiques qui ont pour fin de réduire le danger qu'est devenu au fil des mois, ces dernières années, le simple fait de se rendre à une manifestation", a conclu Fabien Jobard.