Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme attend "des sanctions exemplaires" contre les policiers auteurs de messages de haine
Frédéric Potier a rappelé que les fonctionnaires de police sont tenus par "un devoir d'exemplarité".
Selon le ministère de l'Intérieur, 23 300 personnes ont manifesté samedi en France contre les violences policières et le racisme dans la police. Des questions brûlantes alors que des propos racistes attribués à des policiers sur Facebook et Whatsapp ont été révélés par plusieurs médias. Interrogé par franceinfo dimanche 7 juin, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT Frédéric Potier attend "des sanctions exemplaires" contre les policiers identifiés. Il rappelle que les fonctionnaires de police sont tenus par "un devoir d'exemplarité".
franceinfo : La justice est saisie concernant les messages racistes des policiers français, attendez-vous qu'elle soit sévère ?
Frédéric Potier : J'attends des sanctions exemplaires en la matière. Il s'agit de deux enquêtes avec une saisie de l'Inspection générale de la police nationale [IGPN]. Nous devons avoir à leur égard un très haut niveau d'exigence, parce que ce sont eux qui exercent la violence légitime, la seule qui soit légitime dans une société démocratique. Ils ont un devoir d'exemplarité en tant que fonctionnaires, et à fortiori en tant que fonctionnaires qui exercent ce type de prérogatives.
Cela veut-il dire que si un policier est raciste, c'est plus grave que pour un autre citoyen français ?
Évidemment, puisque le racisme n'a pas sa place en démocratie, le racisme n'a pas sa place dans la police. Quand on est fonctionnaire, quel que soit son niveau, quel que soit son grade, on représente la République, on représente l'État et on a donc un devoir d'exemplarité.
Quelles actions sont menées pour mettre fin aux actes et propos racistes dans la police ?
La formation des policiers est très différente de celle que l'on pouvait voir il y a encore une dizaine d'années. Nous intervenons dans toutes les écoles de police et de gendarmerie auprès des gardiens de la paix, des commissaires, à la haine envers les LGBT, aux discriminations, au racisme et ce ne sont pas simplement de vagues sensibilisations. Ce sont des cas très concrets, avec des exemples tirés d'affaires judiciaires étudiés en petits groupes. Nous étudions aussi des lieux de mémoire comme le mémorial de la Shoah, au Camp des Milles à Aix-en-Provence, à la Maison d'Izieu. À chaque fois, nous avons un très bon accueil des policiers. Je crois qu'eux-mêmes sont en demande de ce type d'actions et d'interventions.
Vous parlez de jeunes policiers, qui sortent d'école. N'est-ce pas aussi un problème générationnel ?
Il y a un écart générationnel important entre de jeunes gardiens de la paix qui arrivent dans la police nationale et qui sont très sensibles à ces questions, et d'autres policiers qui sont en fonction depuis quelques années et qui le sont peut-être moins, parce que ces questions-là n'étaient pas abordées. Je me souviens de discussions avec des directeurs d'écoles de police qui me disaient, à l'issue de nos interventions, "c'est formidable, ces questions-là nous ne les abordions pas en école de police il y a encore 20 ans". Donc, il y a cette formation initiale et à l'évidence aussi un sujet de formation permanente. Nous le faisons aussi, simplement je crois que nous avons encore des progrès à faire en la matière.
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