Affaire Legay : l'IGPN pointe une charge policière disproportionnée
En mars 2019, Geneviève Legay avait été gravement blessée lors d'une charge de la police. L'Inspection générale de la police nationale juge aujourd'hui sévèrement cette stratégie policière.
La charge de police durant laquelle Geneviève Legay a été gravement blessée le 23 mars 2019 à Nice (Alpes-Maritimes) lors d'une manifestation interdite de "gilets jaunes" a été disproportionnée en raison "d'ordres inadaptés", estime l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans un rapport dont l'AFP a eu connaissance mardi 22 septembre.
L'IGPN a relevé "des différences d'appréciation" sur le terrain, le jour des faits, entre les commandants d'unités et le responsable opérationnel du maintien de l'ordre – le commissaire divisionnaire Rabah Souchi – dont "la stratégie adoptée et les ordres donnés (...) se caractérisent par un manque de clarté et un aspect directif", selon ces éléments du dossier qui confirment une information de Mediapart.
Dans ce rapport, la "police des polices" pointe des "ordres inadaptés", comme celui de la charge sur la place Garibaldi puis sur le boulevard Jean-Jaurès où se tenait la manifestation, "venu immédiatement après les sommations" et lancé "directement aux effectifs de la compagnie départementale d'intervention" sans que leur responsable direct "n'ait eu le temps et la possibilité d'intervenir".
Un dispositif "légitime" dans un contexte "sensible"
Les vidéos exploitées "donnent raison" aux commandants d'unités qui "estiment qu'une vague de refoulement réalisée en marchant, avec les boucliers en position de protection, aurait été une manœuvre d'une intensité proportionnelle à la situation", selon l'IGPN. "Il faut cependant avoir conscience que cette façon de progresser n'aurait peut-être pas empêché la chute de Madame Legay", nuance l'Inspection, ajoutant que le dispositif policier le jour des faits était "légitime", dans "un contexte sensible".
"Projetée au sol" par un policier, Geneviève Legay, 73 ans et militante d'Attac, a souffert d'un traumatisme crânien à la suite de sa chute. "Compte tenu de ces éléments, nous attendons la mise en examen du préfet de l'époque ainsi que du commissaire Rabah Souchi. Il n'est pas admissible que celui-çi soit encore en exercice à Nice", a déclaré l'avocat de la septuagénaire Arié Alimi à l'AFP.
L'affaire avait eu à l'époque une forte résonance, alimentée par les points de vue contradictoires des autorités. Le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, avait d'abord démenti tout "contact" physique de la part des forces de l'ordre, des propos repris par Emmanuel Macron. Puis le magistrat avait ensuite reconnu qu'elle avait été poussée par un policier, suite à l'exploitation d'images de vidéosurveillance.
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