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Triple meurtre à Sarcelles : trois questions pour comprendre la polémique sur le port d'armes des policiers

Un policier de 31 ans, en instance de séparation, a tué trois personnes avec son arme de service et blessé grièvement sa petite amie, samedi 18 novembre, avant de se suicider.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un policier patrouille devant l'endroit où un de ses collègues a tué trois personnes avant de se suicider, le 18 novembre 2017 à Sarcelles (Val-d'Oise). (THOMAS SAMSON / AFP)

C'était un "bon fonctionnaire", apprécié de sa hiérarchie. Arnaud Martin, policier de 31 ans, a tué trois personnes avec son arme de service et blessé grièvement sa compagne, avant de se suicider, samedi 18 novembre à Sarcelles (Val-d'Oise). "C'était quelqu'un qui allait se séparer de son épouse, a expliqué le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, sur franceinfo. Il ne l'a pas supporté. C'est quelqu'un qui, à un moment donné, déraille totalement. Comme il est armé, il peut tirer. C'est le drame de la police."

Arnaud Martin, gardien de la paix à Paris et résident à Eaubonne (Val-d'Oise), venait de terminer son service lorsqu'il s'est rendu à Sarcelles pour rencontrer sa petite amie. Il portait son arme. Ce drame a relancé le débat sur la possibilité, pour les policiers, de rester armés en dehors des heures de service, une disposition prise après les attentats de 2015. 

Pourquoi les policiers sont-ils armés en dehors de leur service ?

Avant les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, les policiers pouvaient porter leur arme lorsqu'ils venaient de quitter leur service ou lorsqu'ils étaient sur le point de le reprendre, c'est-à-dire entre deux vacations. Après les attentats, les policiers ont obtenu le droit de la conserver en permanence, s'ils en font la demande, et sous certaines conditions.

Cette disposition, qui ne devait être maintenue que pendant l'état d'urgence, a été pérennisée en juin 2016, après l'assassinat d'un couple de policiers à leur domicile à Magnanville (Yvelines).

Quels critères les policiers doivent-ils remplir ? 

La possibilité de garder son arme hors service est encadrée par plusieurs circulaires depuis l'été 2016. Les agents souhaitant porter leur arme en dehors du service doivent en faire la déclaration et avoir effectué au moins trois entraînements de tir par an. A tout moment, le chef de service peut s'y opposer.

Pour obtenir le droit de garder son arme, "il faut être à jour sur les mesures de sécurité, savoir comment entreposer cette arme pour qu'elle ne soit pas susceptible d'être manipulée par des gens, explique Jean-Paul Mégret, secrétaire national du syndicat indépendant des commissaires de police (SICP), interrogé par franceinfo. Ce sont certes des armes individuelles, mais on a la capacité de savoir où elles se trouvent et d'empêcher les gens qui seraient psychologiquement fragiles de les posséder. On a aussi un certain nombre de mesures possibles, urgentes, pour désarmer quelqu'un lorsqu'on sent qu'il y a une détresse."

La police judiciaire de Versailles, qui est chargée de l'enquête, devra notamment s'attacher à savoir si le policier avait prémédité son geste et menacé sa petite amie dans les jours précédant les faits. A ce stade, "il n'y a aucun élément de cet ordre", a confié à l'AFP une source proche de l'enquête.

Cette disposition va-t-elle être révisée ?

Les policiers "resteront armés" hors service, a déclaré dimanche le ministre de l'Intérieur, au lendemain du triple meurtre. "Il n'y a pas de problème", a ajouté Gérard Collomb lors de l'émission "Questions politiques" (franceinfo, France Inter, Le Monde). Le ministre a notamment souligné la difficulté de répondre à des exigences "contradictoires", entre crainte de dérapage individuel d'un policier qui "déraille" et demande de protection accrue dans les transports par exemple.

"Ne détournons pas l'attention, a demandé pour sa part Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes, sur son compte Twitter. Le sujet n'est pas le port d'armes des policiers. Le sujet, c'est la violence conjugale."

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