Seine-Saint-Denis : quatre policiers en garde à vue après une violente interpellation
Quatre policiers ont été placés en garde à vue après la violente interpellation d'un jeune homme de 22 ans, jeudi, à Aulnay-sous-Bois. À ce stade, l’enquête s’oriente davantage vers des faits de violences que vers un viol en réunion, comme affirmé par la victime.
Quatre policiers ont été placés en garde à vue dans les locaux de l'IGPN, la police des polices, après l'interpellation mouvementée d'un jeune de 22 ans, jeudi 2 février, à Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, a appris franceinfo confirmant une information du Parisien. Ils sont gardés à vue depuis jeudi soir. La victime accuse les policiers de l'avoir violé en pleine rue avec une matraque télescopique.
L'exploitation des caméras de surveillance permet de comprendre un peu mieux ce qui s'est passé. Tout commence par un contrôle d’identité dans la cité de la Rose des Vents, à un endroit connu pour ses trafics de drogue. À leur arrivée, les quatre agents de la Brigade spécialisée de terrain (BST) entendent les cris des guetteurs qui alertent de leur présence. Ils demandent à chacun ses papiers. C’est là que la situation dégénère.
La vidéosurveillance a enregistré la scène
Un homme présent sur place, âgé de 22 ans, fait de la résistance. Pendant que deux policiers tiennent les autres à distance à coups de gaz lacrymogène, deux autres policiers tentent d’immobiliser le jeune homme.
Une source proche du dossier, contactée par franceinfo, se montre formelle à la suite du visionnage de la vidéosurveillance. Les images montrent que dans l’agitation le pantalon du jeune homme "glisse de lui-même". C’est à ce moment qu'il reçoit un violent coup de matraque à l’horizontale, qui traverse son caleçon.
Des constats médicaux à l'étude
À la suite de cette interpellation, le jeune homme a dû être conduit à l'hôpital. La puissance du coup est telle qu’il a provoqué d’importantes lésions. La victime affirme que les policiers l'ont violé à l'aide d'une matraque télescopique. Une version que l'enquête ne confirme pas pour le moment et que nient les policiers.
Selon les informations recueillies par franceinfo, les policiers ont reconnu, en garde à vue, une interpellation "musclée". En voyant que le jeune leur résistait, ils affirment avoir sorti une matraque et l'avoir frappé derrière les genoux pour le mettre à terre avant de l'emmener. À ce stade, l’enquête s’oriente donc davantage vers des violences que vers un viol en réunion. C’est maintenant au parquet de Bobigny de décider de l’ouverture d’une information judiciaire.
L'affaire mobilise les politiques
Le maire d'Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza, a réagi à cette affaire sur sa page Facebook. "Les faits de violence rapportés sont très graves", a écrit le maire Les Républicains (LR), qui est un ancien policier. "Je tiens à apporter tout mon soutien à ce jeune homme, qui est encore au moment où je vous parle à l’hôpital, ainsi qu’à sa famille", ajoute l'élu. "Ils peuvent compter sur le soutien indéfectible de la municipalité dans cette épreuve", précise Bruno Beschizza.
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, "souhaite que toute la lumière soit faite sur les accusations d'une extrême gravité portées à l'encontre" des quatre policiers placés en garde à vue. "S'il était avéré que les règles déontologiques, éthiques et de droit n'ont pas été scrupuleusement respectées, des sanctions adaptées seront évidemment prises", a-t-il annoncé dans un communiqué.
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