Saint-Étienne : le maire refuse de retirer les caméras-piétons de sa police municipale, le préfet dénonce une atteinte aux libertés
"L'utilisation de ces caméras-piétons, qu'on le veuille ou non, porte atteinte aux libertés individuelles", a répondu sur France Bleu Saint-Étienne Loire Evence Richard, préfet de la Loire, alors que le maire de Saint-Étienne refuse de les retirer.
Le maire de Saint-Étienne persiste et signe. Malgré l'injonction du préfet de la Loire de retirer les caméras-piétons, il décide de ne pas y toucher. "J’ai demandé aux policiers municipaux de conserver ces caméras-piétons au-delà du 3 juin. C’est un mauvais signal envoyé aux policiers municipaux que de retirer cet outil de travail", a déclaré jeudi 31 mai le maire LR de Saint-Etienne sur France Bleu Saint-Etienne Loire. Le préfet de la Loire a demandé à Gaël Perdriau, par courrier le 28 mai, que l'expérimentation de ces caméras cesse à partir du dimanche 3 juin. Pour le maire de la ville, c'est "une application bête et méchante d'une circulaire".
Cela "porte atteinte aux libertés individuelles"
Invité jeudi 31 mai de France Bleu Saint-Etienne Loire, le préfet de la Loire a répondu fermement au maire de la ville : "Il ne s'agit pas d'une circulaire mais d'un texte de loi (...) Il n'y a absolument aucune surprise (...) L'utilisation de ces caméras-piétons, qu'on le veuille ou non, porte atteinte aux libertés individuelles (...) Il est difficile de s'affirmer comme un chantre des libertés individuelles et de la sécurité et de se mettre en infraction par-rapport à un texte législatif", a expliqué Evence Richard.
Je crains que M. le maire de Saint-Étienne ne connaisse pas suffisamment le contexte dans lequel la police municipale qu'il dirige intervient.
Evence Richard, préfet de la Loireà France Bleu Saint-Étienne Loire
En février 2018, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a annoncé le déploiement de 10 000 caméras-piétons d'ici 2019. Gaël Perdriau a déploré de ne pas avoir de retour sur ce sujet : "Je suis très demandeur de dialogue. Cela fait des mois que je demande des rendez-vous auprès du ministre de l’Intérieur, en tant que maire de Saint-Étienne, mais aussi en tant que président de la commission sécurité des maires de grandes villes de France. J’attends toujours…"
Quatre cas d'exploitation d'images
La police municipale stéphanoise est équipée, depuis trois ans, de neuf caméras-piétons. Ce sont de petits boîtiers de la taille d’un paquet de cigarettes, avec un objectif, accrochés à la poitrine. Ces caméras sont allumées par la police, lors d’interventions jugées "sensibles", mais à Saint-Etienne, l'enregistrement des interventions est devenu quasi-systématique.
Des centaines d’heures d’interventions ont été enregistrées par les policiers. Images et sons sont gardés deux semaines, puis détruits s’il n’y a pas lieux de les exploiter. En trois ans, il n’y a eu que quatre cas d'exploitation d'images. Pour le maire, ce sont déjà quatre cas utiles et notamment, selon lui, pour les personnes contrôlées. Il a décidé de maintenir ce dispositif dès lundi, malgré le rappel de la préfecture.
Ce dispositif avait été lancé en avril 2013 par le ministère de l’Intérieur de l’époque Manuel Valls. Il avait ensuite, en tant que Premier ministre, annoncé la généralisation en cinq ans de ce dispositif. Il est actuellement expérimenté à Bordeaux.
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