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"Police ! Fonce ! Fonce !" : un Parisien raconte comment son scooter a été réquisitionné par un agent en pleine rue

"On me demandait de prendre des risques, c’est ça que je n’ai pas compris", raconte à franceinfo un Parisien dont le scooter a été réquisitionné en mai dernier par un policier.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Stationnement de deux roues dans Paris (illustration). (LUC NOBOUT / MAXPPP)

"Je croyais vraiment que ça n’arrivait qu’au cinéma", a raconté à franceinfo le rédacteur en chef du service police-justice de France Inter, Jean-Philippe Deniau, réquisitionné avec son scooter par un policier dans les rues parisiennes en mai dernier.

"Je n’étais pas dans une situation aussi dangereuse" que la personne qui a dû prendre sur son deux-roues le policier, auteur d’un tir mortel mardi 14 août dans le IXe arrondissement. "Je n’étais pas dans une course poursuite avec un véhicule potentiellement dangereux", a t-il poursuivi. Mais, malgré tout, Jean-Philippe Deniau raconte qu’il a dû griller des feux rouges et couper "la route d’un bus qui a dû piler" pour le laisser passer.

franceinfo : Que s'est-il passé le jour où vous avez été réquisitionné avec votre scooter ?

Jean-Philippe Deniau : Je circulais près de la gare de l’Est à Paris. J’étais arrêté à un feu rouge et j’ai vu un homme venir vers mon scooter en me disant "police, police !". À peine avais-je le temps de répondre qu’il était déjà assis sur le siège arrière de mon scooter, en amazone, ce qui déséquilibre le scooter. Et tout de suite, il m’a dit "fonce, fonce". Le feu était encore rouge. J’ai donc avancé dans la rue du Faubourg Saint-Martin, j’ai repris un couloir de bus à contresens. Je suis arrivé devant un second feu rouge, boulevard Magenta où il y a beaucoup de circulation. Le policier m’a dit "fonce, fonce". Je suis passé au feu rouge. Dans le flot de circulation, j’ai tourné à gauche au dernier moment et il me dit de prendre à gauche, puis une nouvelle fois à gauche et là, j’ai coupé la route d’un bus qui a dû piler pour me laisser passer. Je rappelle que mon scooter n’était pas du tout sérigraphié. Et quelques mètres plus loin, dans une rue qui menait vers le canal de l’Ourcq, le policier a sauté de mon scooter et est parti avec d’autres de ses collègues qui couraient dans la même direction.

Avez-vous douté de sa fonction de policier ?

Pas dans un premier instant, car l’ordre de foncer était tellement fort que je me suis exécuté. Mais très vite, je me suis dit que je n'avais vu aucun signe prouvant qu'il appartenait à la police. Je n’ai rien pour être sûr qu’il s’agit d’un policier. Après, on est pris dans une sorte de scène digne d’un film et on ne réfléchit plus et on avance. Après, ce qui est sûr c’est que j’ai eu peur à deux reprises, en traversant le boulevard Magenta en passant le feu rouge et surtout en coupant la route de ce bus. Et je pense que j’aurais arrêté l’expérience assez vite après, parce que je n’étais pas du tout en sécurité. Mon scooter basculait un peu sur la gauche du fait que le policier était assis en amazone.

Avez-vous eu des explications ?

Non et je n’ai pas cherché à savoir quel était le fait-divers que poursuivait ce soir-là cette équipe de policiers, près du canal de l’Ourcq. En tout cas, je n’étais pas dans une situation aussi dangereuse que le scooter de la nuit d’avant, parce que je n’étais pas dans une course poursuite avec un véhicule potentiellement dangereux. On me demandait de prendre des risques. C’est ça que je n’ai pas compris. Pourquoi on me demandait de prendre autant de risques alors qu’au total, on a dû faire même pas 500 mètres avec ce policier. On ne roulait pas non plus très vite. Et je pense qu’il a dû gagner quelques secondes sur une course qu’il aurait pu faire à pied.

Est-ce une pratique courante de se faire réquisitionner son véhicule sur demande de la police ?

Plusieurs policiers m’ont dit qu’effectivement, ça pouvait se faire. Souvent dans les grandes villes, ce sont des réquisitions de taxis qui se font le plus souvent, mais [un scooter], comme dans mon cas, c’est rare. Les policiers ont conscience qu’ils font courir un risque au chauffeur du scooter dont ils ne connaissent pas les facilités de conducteur, pour réaliser ce type d’opérations.

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