Cet article date de plus d'onze ans.

On peut désormais saisir la police des polices sur internet

Une page dédiée sur le site du ministère de l'Intérieur permettra aux citoyens de signaler les fautes ou les dérapages des agents.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La police contrôle un homme, à la station de métro Barbès, à Paris, le 2 août 2013. (MIGUEL MEDINA / AFP)

La police des polices est à portée de clic. Tous les citoyens auront maintenant la possibilité de contacter l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), en remplissant un formulaire sur internet. La page qui permettra de rédiger le signalement devrait être mise en ligne mardi 3 septembre au matin.

Cette nouveauté s'inscrit dans la réforme, annoncée précédemment par le ministre de l'Intérieur, qui vise d'abord à réorganiser l'IGPN, compétente en province, et l'Inspection générale des services (IGS), dont le ressort est celui de la capitale et de sa proche banlieue. C'est dans le cadre de ce rapprochement entre les deux administrations que la possibilité est offerte aux particuliers de signaler les abus et les dérapages, partout en France.

Comment déposer un signalement ?

Il suffira de se rendre sur la page dédiée du site du ministère de l'Intérieur, qu'Europe 1 a pu consulter avant sa mise en ligne. La victime ou le témoin du manquement policier pourra alors remplir un formulaire en indiquant notamment la date et l'heure de l'incident. Il devra également décrire la scène. L'internaute pourra aussi signaler s'il possède des photos ou des vidéos des faits.

Pour que le témoignage soit pris en compte, l'internaute a obligation de laisser son nom et ses coordonnées. L'anonymat "interdit", c'est l'une des conditions pour rendre le système efficace, a expliqué au micro d'Europe 1 Marie-France Monéger, qui dirige l'IGPN. "Nous ne voulions pas que ce soit une boîte à défouloir", indique-t-elle.

Qu'est-ce que cela va changer ?

Tous les matins, trois personnes relèveront les messages. Ceux-ci seront ensuite traités, "avec une demande d'explication, soumise à un délai avec un suivi", par l'IGPN ou par les services concernés par les signalements, détaille Marie-France Monéger dans une interview au Parisien (article payant).

Avec les informations recueillies sur la plateforme, l'IGPN disposera d'une base de données statistiques, qui lui permettra de cibler les faiblesses sur le territoire, mais "sans jamais donner d'informations nominatives sur les fonctionnaires" de police, précise Marie-France Monéger. Mais l'IGPN pourra tenter de régler les problèmes si plusieurs signalements remontent concernant des refus de plainte, par exemple.

Quels objectifs pour la police des polices ?

Le temps du "circulez y a rien à voir" est terminé, estime Marie-France Monéger dans Le Parisien, tout comme celui du "tout-disciplinaire". Pour la directrice de l'IGPN, l'idée n'est pas de "stigmatiser les policiers", mais bien de rapprocher les citoyens de leur police.

L'autre objectif est de centraliser la démarche du signalement. Jusqu'à présent, 2 700 déclarations parvenaient chaque année à l'IGPN par lettre ou par mail. Il était impossible de traiter correctement ce courrier, selon Marie-France Monéger.

Les syndicats de police ne partagent pas tous l'enthousiasme de la directrice de l'IGPN. Pour Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de police Synergie-Officiers interrogé par 20 Minutes, "avec cet outil, ce sera un véritable défouloir". Il craint également que cela encourage l'action de "certaines organisations, comme Copwatch", un site qui "fiche" les policiers, selon le responsable syndical.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.