Essonne : un motard meurt cinq jours après sa garde à vue pour excès de vitesse, une enquête a été ouverte
Une information judiciaire a été ouverte, et la police des polices saisie, après le décès d'un homme quelques jours après sa garde à vue au commissariat d'Arpajon (Essonne), où il aurait tenté de se suicider, dans sa cellule, avec ses chaussettes de sport.
La justice et l'IGPN (la police des polices) enquêtent sur les circonstances de la mort d'un homme de 34 ans, interpellé le 3 juillet pour excès de vitesse alors qu'il circulait à moto dans l'Essonne, a appris franceinfo lundi 14 août, confirmant une information de Médiapart.
Divergences entre le rapport d'autopsie et la version des policiers
Placé en garde à vue au commissariat d'Arpajon, cet homme a été retrouvé pendu dans sa cellule. Il a été déclaré mort cinq jours plus tard à l'hôpital. Joint par franceinfo, l'avocat de la famille, Me Jean Tamalet, pointe "plusieurs incohérences" dans le dossier. "La première d'entre elles, c'est le principe même du passage à l'acte, qui est complètement incompatible avec la personnalité de Lucas", explique-t-il, décrivant "un homme épanoui, heureux, stable et équilibré".
Les deux policiers qui ont mené la garde à vue affirment s'être absentés de la cellule pendant un quart d'heure. À leur retour, ils assurent avoir retrouvé le jeune homme en position assise, "pendu à ses chaussettes de sport". Celles-ci étaient "attachées dans la bouche d'aération, qui est à peu près à 80 cm du sol", rapporte l'avocat.
C'est donc une pendaison assis, en se penchant vers l'avant. On imagine la scène. Si ce n'était pas dramatique, c'en serait grotesque, tellement ce n'est pas crédible
Me Jean Tamalet, avocat de la famille de la victimeà franceinfo
Deux médecins légistes ont constaté par la suite que "le sillon", autrement dit la cicatrice laissée par l'étranglement sur le cou de la victime, "ne dépasse pas cinq millimètres en son point le plus large", poursuit l'avocat, ce qui est, selon lui, "complètement incompatible avec une paire de grosses chaussettes de sport". Dans son rapport, le médecin du Samu évoque d'ailleurs un étranglement "avec un lacet" et non pas avec des chaussettes.
"Acte de violence" ou scène de suicide "maquillée" ?
Lors de la restitution des affaires de la victime à la famille, "on trouve un lacet, isolé, l'autre lacet étant toujours sur la chaussure", affirme Jean Tamalet, qui imagine deux scénarios : "Soit il y a eu un acte de coercition, un acte de violence, dans le cadre de l'arrestation, et cet acte de coercition a mal tourné", soit "les policiers l'ont laissé entrer dans cette cellule avec ses lacets [ce qui est interdit par la procédure], commettant là une faute dramatique". Les policiers auraient donc ensuite "maquillé la scène du suicide", en "retirant le lacet", en "mettant des chaussettes à la place" et en "mentant sur des PV, ce qui est un crime", poursuit l'avocat.
Une information judiciaire a été ouverte pour recherche des causes de la mort. Parallèlement, la famille de la victime a porté plainte notamment pour homicide involontaire, altération des preuves et non-assistance à personne en péril.
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