: Vidéo Flics "ripoux" ou victimes d'un système ? "Affaires sensibles" raconte la véritable histoire de la BAC Nord
C'est le plus gros scandale policier de ces dernières années. Il y a eu l'emballement médiatique, lors duquel on les a présentés comme des truands, puis un polar choc qui en a fait des héros de cinéma... Le magazine "Affaires sensibles", adapté de l’émission de France Inter, vous raconte la véritable histoire de la BAC Nord, cette Brigade anti-criminalité de Marseille qui était considérée, avant sa chute, comme la meilleure de France.
Bien avant qu'un succès du box-office ne vienne redorer leur image, les agents de la BAC Nord enchaînaient les arrestations et les coups d’éclat dans les quartiers Nord de Marseille, où le trafic de cannabis prospère à ciel ouvert. Mais le 3 octobre 2012, "patatras" (selon le mot du ministre de l'Intérieur d'alors, Manuel Valls, qui dissout la brigade le jour même) : les superflics dégringolent de leur piédestal.
La moitié des effectifs est suspendue, sept policiers sont envoyés derrière les barreaux. Soupçonnés de racket et de trafic de drogue, ils risquent la cour d’assises et vingt ans de réclusion. Les journaux télévisés parlent de dizaines de milliers d'euros extorqués. L'une des plus graves affaires de ripoux au sein de la police française vient-elle d'éclater ?
Trois petits mois plus tard, les "baqueux" incarcérés sont relâchés. La plupart reprennent du service – sauf trois, qui sont révoqués après enquête de l'IGPN, la police des polices. "Il en a pleuré", témoigne dans cet extrait d'"Affaires sensibles" l'épouse de l'un d'eux, licencié pour avoir payé son indic avec du cannabis. Une pratique illégale, mais tolérée jusque-là... "La révocation, ç'a été terrible pour lui. (...) Il n'y croyait pas du tout. C'est pas possible d'être lâché comme ça." Ce sentiment que l'administration "une fois qu'ils ont été en difficulté, au lieu de les aider, les a enfoncés encore plus" semble partagé par plusieurs de ses collègues, selon Virgile Reynaud, l'avocat de cinq policiers.
Politique du chiffre et guerre des chefs
Alors, que s'est-il réellement passé pour que les agents de la BAC Nord, considérée comme la meilleure de France avec ses 4 500 arrestations par an, se retrouvent sur les bancs des accusés ? Ces "baqueux" sont-ils vraiment des ripoux, ou bien seraient-ils des victimes − de la politique du chiffre mise en place par Nicolas Sarkozy, d'un manque d'encadrement, voire d'une guerre des chefs au sommet de la police marseillaise ?
L'affaire, partie d'une rumeur qui bruissait dans la cité phocéenne, a pris corps en 2009 avec les dénonciations de Sébastien Bennardo, un policier qui venait alors d'être écarté de la BAC pour mésentente avec ses coéquipiers. Auraient-elles été instrumentalisées ? Quoi qu'il en soit, cet ancien "baqueux" a fini par être lui aussi révoqué de la police. Les seuls à avoir été sanctionnés sont des agents de terrain.
Plus haut dans la hiérarchie, personne n'a été inquiété par la justice. L'un des chefs de la police marseillaise, Pascal Lalle, a été promu au sein du ministère de l'Intérieur. Le préfet Alain Gardère, avec lequel il était en conflit, a été muté à la Sûreté de l'aéroport de Roissy après la défaite électorale de celui qui l'avait nommé, Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, c'est dans une autre affaire qu'il est mis en examen, pour abus d'autorité et détournement de fonds publics. En ce qui concerne les agents de la BAC Nord, aucun enrichissement personnel n'a pu être établi en neuf ans d'instruction judiciaire...
Extrait de "Bac Nord : la vraie histoire du scandale policier", une enquête de Linda Bendali / Capa Presse à revoir dans "Affaires sensibles", un magazine présenté par Fabrice Drouelle et coproduit par France Télévisions, France Inter et l’INA d'après l'émission originale de France Inter.
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