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Viry-Châtillon : "On est là, livrés à nous-mêmes", témoignent des jeunes du quartier de la Grande Borne

Quatre policiers ont été attaqués à coups de cocktails Molotov samedi aux abords du quartier de la Grande Borne, à Viry-Châtillon. L'un d'eux se trouve toujours dans un état grave. Gaële Joly, reporteur de franceinfo, est allée à la rencontre des jeunes qui habitent ce quartier sensible.

Article rédigé par Gaële Joly, Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La cité de la Grande Borne, située à cheval sur les communes de Viry-Châtillon et Grigny, dans l'Essonne. (MAXPPP)

"Une cage, une prison à ciel ouvert", voilà comment les jeunes du quartier de la Grande Borne, à Viry-Châtillon, dans l’Essonne, parlent de leur cité. Samedi 8 octobre, une quinzaine d'assaillants, le visage caché, ont attaqué aux cocktails Molotov deux voitures de police qui stationnaient sur le "carrefour du Fournil", tout proche. Deux policiers ont été grièvement blessés. L'un est toujours dans un état très grave au service des grands brûlés de l'hôpital St Louis, à Paris. Leurs collègues ont appelé à des rassemblements ce mardi 11 octobre devant les commissariats, pour dénoncer notamment le manque de moyens dans ces quartiers difficiles.

Gaële Joly, reporteur de franceinfo, est allée à la rencontre des jeunes qui habitent la Grande Borne. Des camions de CRS sont garés sur le carrefour à l’entrée de la cité, là où les policiers ont été agressés, des journalistes sont présents et le dialogue n’est pas toujours évident. Mais deux jeunes rencontrés ont envie de parler. Si d’emblée ils condamnent les violences, ils cherchent aussi à expliquer. "Ici, y a rien. C’est des gens qui n’ont pas de travail, pas d’école, qui n’ont rien. En fait, ils ont de la haine. C’est la haine ça", raconte le premier. "Manuel Valls, il est descendu hier mais c’est du n’importe quoi excusez-moi" raconte un jeune.

Ils font rien ici, à part mettre des caméras encore pour provoquer les gens. Ils surveillent, ils surveillent mais ils font rien"

Un jeune du quartier de la Grande Borne

sur franceinfo

Un sentiment d'abandon 

Dans ce labyrinthe de barres HLM aux façades décrépies, un petit groupe assis près d’une cage d’escalier décrit un décor sinistre.  "Ici, il y a juste un Franprix, deux "grecs", une boulangerie avec du pain on dirait du Schwimgum. C’est tout, y a aucun commerce après", raconte un jeune. Et un autre de renchérir : "Y a 40 halls dans le méridien, y en a aucun qui marche. On paye le loyer et y a aucun code qui marche, et ça c’est même pas les jeunes qui ont dégradé", dit-il. "Y a des rats, c’est la merde, ils font rien pour nous. On est là, livrés à nous-mêmes", reprend le premier. Des jeunes qui dénoncent aussi un abus d’autorité, selon eux, des policiers.

Daniel, lui, habite la Grande Borne depuis 40 ans. Au fil des années, il a vu les relations entre les jeunes et la police se dégrader. Pour lui, il faut absolument casser cette structure géographique pour empêcher une poignée de jeunes de faire sa loi dans la cité. "Y a aucune circulation, c’est fermé. Faudrait rouvrir la Grande Borne, qu’on puisse y circuler, que les gens ne puissent plus se cacher. Parce que tous ceux qui font des problèmes, ils se cachent."

C’est une prison ouverte pratiquement

Daniel, habitant du quartier depuis 40 ans

sur franceinfo

Dans le quartier, tous les jeunes qui ont accepté de parler à notre micro disent qu’ils veulent à tout prix trouver un job pour sortir au plus vite de ce ghetto. Pas facile quand on sait qu’ici le taux de chômage est deux fois plus élevé que la moyenne nationale.

La Grande Borne, "une prison à ciel ouvert". Reportage de Gaëlle Joly, avec Clémence Bonfils à la technique

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