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Policiers brûlés à Viry-Châtillon en 2016 : six hommes innocentés seront indemnisés, mais "ça n'efface pas les années de prison faites", raconte l'un d'eux

En 2016, une dizaine de personnes avaient attaqué en plein jour deux voitures de police stationnées près du quartier de la Grande Borne, à Viry-Châtillon (Essonne). En première instance, puis en appel, huit jeunes avaient été notamment acquittés. L'un d'entre eux, qui demande réparation, témoigne sur France Inter.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des policiers devant une voiture de fonction brûlée à Viry-Chatillion (Essonne), le 8 octobre 2016. (THOMAS SAMSON / AFP)

Près de six ans après avoir été accusés d'avoir attaqué des policiers au cocktail Molotov dans le quartier de la Grande Borne à Viry-Châtillon (Essonne), six hommes innocentés ont demandé réparation devant la justice lundi pour le préjudice qu'ils ont subi. L'un d'eux, Brandon, se confie ce mardi sur France Inter sur ces trois ans passés derrière les barreaux avant d'être acquitté et sur les conséquences que cela a encore sur sa vie.

Le 8 octobre 2016, des policiers avaient été attaqués au cocktail Molotov à Viry-Châtillon (Essonne). Quatre agents avaient été blessés, dont un grièvement brûlé. Treize jeunes hommes avaient alors été arrêtés, accusés d'avoir incendié les deux voitures de police dans le quartier sensible de la Grande Borne. En première instance, puis en appel, huit jeunes ont été acquittés et cinq accusés ont été condamnés à des peines allant jusqu'à 18 ans de prison.

Six des hommes innocentés ont demandé réparation auprès de la justice lundi pour leur détention provisoire injustifiée, d'une durée allant jusqu'à quatre ans pour certains d'entre eux. Près de six ans après les faits, la justice civile a condamné l'État à leur verser des indemnités. Les montants s'élèvent entre 25 000 et 150 000 euros pour le préjudice moral et jusqu'à 94 000 euros pour un préjudice matériel.

Une "petite victoire"

Brandon, qui avait 16 ans quand il a été incarcéré, a passé trois ans derrière les barreaux avant d'être finalement innocenté. S'il a souri en apprenant lundi que l'État était condamné à lui verser 110 000 euros, il explique à France Inter que "la liberté n'a pas de prix". "Vous pouvez même me donner 1 million d'euros, ça n'effacera rien aux trois années de prison que j'ai faites", lance-t-il.

Derrière ce qu'il qualifie de "petite victoire", Brandon se lance surtout dans un autre combat, celui de savoir pourquoi et comment les policiers ont pu tronquer ses propos lors des procès-verbaux accusatoires. "L'histoire sera réglée quand les enquêteurs auront répondu aux questions qu'on veut leur poser", estime-t-il. Le jeune homme veut que "justice soit faite". Il rappelle qu'il est une "victime dans l'histoire", d'autant qu'après ces trois années derrière les barreaux, il rencontre des difficultés pour "trouver du travail". "Si je n'avais pas fait ces trois années, ma vie, peut-être, serait autrement, c'est dur de se réinsérer", indique-t-il. Brandon rêve notamment qu'un cinéaste ait l'idée de raconter son histoire, et il se dit prêt à jouer son propre rôle pour l'occasion.

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