Daniel Chomette, SGP Police : "Lier des liens entre la population et la police, c'est absolument essentiel"
"Il nous faut des moyens humains et des moyens matériels", a martelé Daniel Chomette, secrétaire général délégué du syndicat SGP Police sur franceinfo. "Les annonces ne sont pas à la hauteur de nos espérances," a-t-il ajouté au sujet de la visite de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve dans les commissariats.
Des centaines de policiers se sont réunis ce mardi 11 octobre devant les commissariats de France, à l'appel de quatre syndicats, pour exprimer leur colère après l'agression de quatre agents ce weekend à Viry-Châtillon, dans l'Essonne. La tournée, lundi 10 octobre, de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve dans plusieurs commissariats du département n'a pas convaincu les syndicats : "il nous faut des moyens humains et des moyens matériels", martèle Daniel Chomette, secrétaire général délégué du syndicat SGP Police mardi midi sur franceinfo. "Lier des liens et des contacts entre la population de ces quartiers et la police nationale, ajoute-il, c'est absolument essentiel."
franceinfo : La visite du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur ne vous a pas convaincu?
Daniel Chomette : La venue des autorités politiques est toujours importante, pour montrer la solidarité avec les effectifs de police. Mais les annonces ne sont pas à la hauteur de nos espérances, tant la situation est grave, particulièrement dans le département, pour face à la délinquance de très très haut niveau que l'on connait dans certains quartiers, comme celui qui a été ciblé avec l'attaque de la patrouille de police.
Pensez-vous qu'il y a un fossé entre la police et les jeunes dans cette cité de la Grande Borne?
Oui, il y a un mal-être, un mal vivre, un gros problème sociétal, pas de boulot, des gens qui sont dans la galère et qui ne savent pas à qui s'en prendre... Du coup, ils s'en prennent à des policiers. Nous, notre boulot, c'est d'assurer la sécurité en tous points du territoire, y compris dans ces quartiers-là. Tout un tas de personnes vivent ici, pas de gaité de cœur, et souhaitent avoir une sécurité maximum, ne pas être embêtés par un petit nombre qui vit d'économie souterraine ou de violence ou de délinquance. Aujourd'hui, moi je suis bien conscient que ces gens-là ont des difficultés à vivre. Je dirais même à survivre dans ces quartiers. Par contre, le boulot de la police nationale, c'est d'être présent dans ces quartiers, d'éviter que chacun ne fasse sa loi parce que c'est la loi de la République qui doit s'imposer. La police n'intervient pas de manière plus virulente ou plus musclée dans ces quartiers-là qu'elle n'intervient ailleurs.
Que faut-il faire pour rapprocher la police et la population ?
Il y a, ici, une économie souterraine sur la base du marché de la drogue qui contamine ces quartiers. Et cela crée une délinquance de quartier. C'est un énorme problème pour nous. Effectivement, les services de police ne sont pas en nombre suffisant : je parle des services d'enquête, des services d'intervention mais aussi de la présence au quotidien. Lier des liens et des contacts entre la population de ces quartiers et la police nationale, c'est absolument essentiel. Il ne s'agit aucunement d'en faire des ghettos. Mais aujourd'hui, dans ce département, la police nationale n'est pas à niveau pour pouvoir assurer ce pan de service public.
Il faut donc plus de moyens ?
Oui, il faut des moyens humains et des moyens matériels. Enfin, vous voyez le drame que l'on vit aujourd'hui. Des voyous, des meurtriers en puissance, ont voulu mettre à mort des policiers qui sont là au service de tous. On ne peut pas en arriver là, il faut casser ça, il faut que ça s'arrête. Il faut qu'il y ait des moyens conséquents qui soient mis à disposition du commissariat.
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