Polémique : les médecins vont-ils payer pour le Mediator?
"Les médecins ne doivent pas être des boucs émissaires " dans l’affaire du Mediator, s’est insurgé le syndicat de médecins MG France dimanche. Son président Claude Leicher a qualifié cette annonce du gouvernement de "particulièrement scandaleuse", ajoutant que "les autorités d'enregistrement du produit dans les années 70" ont été trompées ainsi que "toutes les autorités chargées de surveiller ce produit entre 1970 et 2011 et y compris les médecins eux-mêmes."
Pour le Dr Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats
médicaux français (CSMF), premier syndicat des médecins libéraux, cette
"accusation directe des médecins" est " complètement grotesque " et est "une mise en cause complètement injustifiée". "Si une institution doit être mise en cause, c'est celle qui a autorisé la vente du médicament, cela paraît logique. Le médecin arrive tout à fait en
aval. Il prescrit en fonction de la panoplie qui est à sa disposition et
autorisée par les autorités françaises", a ajouté me Dr Michel Chassang.
Même constat pour un avocat de victimes, Me Charles-Joseph Oudin. "Le projet d'indemnisation ne dit rien sur la responsabilité des politiques. On charge les médecins et Servier", analyse-t-il. "Mais les médecins ne sont pas responsables parce qu'on leur a menti." L'avocat considère ainsi que seule la procédure judiciaire lancée à Nanterre permettra une condamnation rapide de Servier. Et, éventuellement, de trancher sur l'éventuelle tromperie des médecins par le laboratoire.
L’Etat se tire-t-il une balle dans le pied ? C’est ce que se demande quant à lui le député socialiste Gérard Bapt, président de la mission parlementaire sur le Mediator, dans un communiqué. Le député insiste sur "l'importance du maintien jusqu'à son terme" de la procédure en citation directe pour tromperie aggravée engagée contre le laboratoire Servier devant le TGI de Nanterre. Les premières audiences sont inscrites en septembre et octobre.
L’entrée des médecins "dans la procédure d’indemnisation des victimes" n’est pour l’heure qu’une éventualité, évoquée samedi par le ministère de la Santé, qui précise que cela ne se produira que si les victimes ou le laboratoire Servier le demandent. En revanche, le laboratoire est bel est bien qualifié de " responsable direct du problème".
En tant que tel, il sera systématiquement mis à contribution dans l’indemnisation des victimes de cet anti-diabétique massivement utilisé comme coupe-faim jusqu’en 2009. Le nombre de victimes est évalué entre 500 et 2.000. Plusieurs centaines de plaintes ont déjà été déposées.
Le texte qui entérine la création du fonds public d’indemnisation des victimes doit être présenté mercredi en Conseil des ministres.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.