Un ex-animateur de la ville de Courbevoie (Hauts-de-Seine) a été condamné, à Nanterre, vendredi 14 septembre, à 15 ans de prison pour des agressions sexuelles sur 15 enfants et des viols sur deux d'entre eux, commis entre 2011 et 2015. Les victimes étaient des garçons de 6 à 9 ans. Ce verdict a conclu six jours de débats douloureux, au cours desquels parents et enfants ont fait face à l'accusé, qui a reconnu, pour la première fois, les faits de viols. "N'oubliez pas qu'il a abusé d'une multiplicité de victimes, qu'elles étaient extrêmement jeunes, qu'il s'est servi de leur confiance, de leur âge et naïveté", avait déclaré l'avocate générale, Aurélia Gandray, avant de requérir 16 à 18 ans de réclusion criminelle."Je ne nie pas les difficultés familiales, personnelles et professionnelles de l'accusé, c'est son histoire et je la respecte. Mais ce que je ne peux pas tolérer, ce sont ces actes ignobles, odieux, commis par un adulte responsable", a estimé l'avocate générale. L'ex-animateur, adopté en Inde à quelques mois par une famille aisée, a eu d'importantes difficultés scolaires et s'est finalement orienté vers l'animation en 2012, avec le statut de travailleur handicapé. A l'audience, il a confié avoir été lui-même victime d'abus sexuels, notamment chez les scouts.Une enquête pour non-dénonciation est en cours"Les seules victimes sont du côté des parties civiles", a assuré d'emblée son avocat, Me Sammy Jeanbart. "Simplement, vous êtes des juges. Vous devez intégrer la complexité des situations et vous ne pouvez pas (...) simplement vous référer à la douleur réelle des victimes, des familles, aux dégâts évidents commis par l'accusé, et évacuer la réalité de ce qu'il est". L'avocat a rappelé que son client avait reconnu la quasi-totalité des faits et qu'il avait déjà entamé un travail thérapeutique en prison, insistant sur "l'utilité sociale" de la peine : "Ce n'est pas un service à rendre à la société que d'en faire quelqu'un qui soit totalement détruit par la détention", a-t-il plaidé.Jeudi, les parties civiles ont souligné une autre interrogation majeure dans cette affaire : deux signalements, en 2012 et 2013, réalisés auprès de la hiérarchie de l'animateur et dont la justice n'avait, alors, pas eu connaissance. "Les victimes connues et identifiées de l'accusé sont déjà très nombreuses. Mais ce qui est insupportable dans ce dossier, c'est qu'il y aurait pu en avoir moins", a lancé Me Nathalie Bucquet, pour l'association Innocence en danger. Sur ce volet, une enquête contre X pour "non-dénonciation" a été ouverte à l'automne 2017, mais elle n'est pas encore bouclée.