Ouverture du procès de Jacques Chirac... sans lui ?
Depuis plusieurs mois, les spéculations allaient bon train sur l'état de santé de Jacques Chirac. Finalement, pour lever toute incertitude, ses avocats ont choisi de rendre public, samedi, le rapport médical qui conclut que l'ancien chef de l'Etat “n'a plus l'entière capacité de participer au déroulement des audiences”.
_ Son gendre, Frédéric Salat-Bardoux, ajoute qu'il n'a “plus la mémoire”, que “son état de santé s'est dégradé depuis quelques mois”. Hier, le Journal du Dimanche a mis un nom sur cette maladie : anosognosie - incapacité pour un patient de reconnaître sa maladie - souvent que l'on rencontre après un accident vasculaire.
Que va-t-il se passer aujourd'hui ? Le procès de Jacques Chirac va s'ouvrir, en début d'après-midi, devant le tribunal correctionnel de Paris. Sans lui, selon toute vraisemblance.
_ Le procès aura-t-il lieu ? Au président du tribunal de se prononcer. Après avoir pris connaissance du rapport médical, ou en demandant une contre-expertise.
Le juge peut dispenser Jacques Chirac d'audience, tout en le jugeant quand même. Il peut aussi décider de ne juger que ses neuf coprévenus, en attendant qu'il aille mieux. Il peut, enfin, opter pour un renvoi général du procès.
Aucune des solutions ne contentera tout le monde. Jean-Yves Le Borgne, avocat d'un des coprévenus, s'émeut : “quel est le sens, quelle est l'équité du procès que l'on ferait à ceux qui restent ?” L'association Anticor, partie civile, a demandé que Jacques Chirac comparaisse bien.
_ Quant à l'avocat général Philippe Bilger, il va plus loin, souhaite “une courte
participation” de Jacques Chirac, au nom de la “cohérence démocratique et de
l'efficacité judiciaire”.
Jacques Chirac doit comparaître pour des faits qui remontent au début des années 1990, quand il était encore maire de Paris. Protégé par son immunité présidentielle pendant douze ans, le procès avait encore été repoussé, au printemps dernier, le temps d'examiner une question prioritaire de constitutionnalité.
Renvoyé pour "détournement de fonds publics", "abus de confiance" et "prise illégale d'intérêt", il encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende. Mais le parquet avait requis un non-lieu pendant l'instruction et devrait logiquement demander sa relaxe.
- Franz-Olivier Giesbert : "l'immense tristesse de Jacques Chirac" (le journaliste et écrivain, auteur d'une biographie de Jacques Chirac, est interrogé par Jean Leymarie)
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.