Mort d'un enfant à l'hôpital : l'infirmière mise en examen
A l'issue de sa garde à vue, l'infirmière a été présentée à la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, au pôle santé publique du Tribunal de grande instance de Paris.
_ La juge a suivi les réquisitions du parquet et la jeune femme de 35 ans a été mise en examen pour “homicide involontaire”. L'infirmière est toutefois ressortie libre du palais de justice. Libre, mais sous contrôle judiciaire, et avec interdiction d'exercer sa profession, de se rendre à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (son lieu de travail dans le XIVème arrondissement de Paris), ou de contacter ses collègues.
Dès le drame, cette professionnelle reconnue dans son établissement, qui exerce depuis 11 ans, dont quatre à Saint-Vincent-de-Paul, a reconnu s'être trompé de produit dans la perfusion qu'elle a administré au petit Ilyès, 3 ans. Admis pour une angine, le garçonnet aurait reçu du chlorure de magnésium au lieu d'un sérum glucosé.
_ La première tâche des enquêteurs sera de déterminer le rôle exact du produit dans la mort de l'enfant. Le chlorure de magnésium n'est dangereux qu'à forte dose.
Seconde question, la réaction de l'hôpital. Selon le père de l'enfant, le personnel aurait d'abord minimisé le danger, avant de paniquer en constatant l'état d'Ilyès. Il aurait lui-même pratiqué le bouche à bouche, avant que de tardifs secours n'interviennent : “Quand j'ai prévenu l'infirmière, elle m'a dit sur un ton sec de la laisser travailler. Mais j'ai entendu le râle, l'âme de mon fils partait. Quand ils ont compris que c'était grave c'était la panique”, raconte-t-il, effondré.
Polémique sur la politique de santé publique
La famille a d'ailleurs fait part de son intention de porter plainte : “On ne peut pas être satisfaits. On veut que la justice soit faite”, s'insurge un oncle de l'enfant. “Que tous les responsables soient punis”, ajoute-t-il, refusant d'accabler la seule infirmière.
Mais l'hôpital se défend d'une réaction tardive. La direction du groupe hospitalier Cochin-Saint-Vincent-de-Paul souligne que l'alerte a été donnée très rapidement et que “tout ce qui devait être fait a été fait”.
L'affaire a dépassé le cadre strictement judiciaire et administratif. La polémique sur les causes profondes de ce qui semble devoir s'avérer un accident a fait rage entre les syndicats de la santé et certaines organisations de soignants d'une part, et le ministère et les responsables du secteur d'autre part.
_ Pour les premiers, ce drame devait arriver un jour ou l'autre compte-tenu de la tension qui règne dans les hôpitaux publics. Ils soulignent le sous-effectif et les programmes de réductions de coûts, qui rendraient les conditions des soignants difficiles. L'urgentiste Patrick Pelloux va même jusqu'à demander la démission de la ministre, Roselyne Bachelot. L'intéressée a estimé qu'il s'agissait d'une exploitation politique indigne de ce drame.
Grégoire Lecalot, avec agences
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