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Moines de Tibehirine : les services secrets français accusés d'obstruction

L'avocat des parties civiles de l'affaire des sept moines de Tibehirine, assassinés en 1996 en Algérie, accuse le contre-espionnage français de faire preuve de mauvaise volonté, face aux demandes du juge Marc Trévidic, en charge du dossier. Ils n'auraient "pas réussi à localiser" un ancien agent de la DGSE à Alger, que le juge considère comme un témoin clé.
Article rédigé par franceinfo
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Les services secrets français cherchent-ils à dissimuler des éléments sur la mort des moines de Tibéhirine ? C'est la question que se pose l'avocat des parties civiles. Seize ans après l'enlèvement et le meurtre des sept Français en Algérie, le juge parisien chargé de l’instruction, Marc Trévidic, devait entendre récemment un témoin clé : l'ancien responsable de la DGSE - Direction générale de la sécurité extérieure - qui était en poste à Alger au moment de l'enlèvement des moines trappistes. Mais cet homme n'a pas répondu à la convocation du juge car selon l’avocat des familles, la DCRI - Direction centrale du renseignement intérieur - (contre-espionnage) ne serait pas parvenue à le localiser.

“Je pense que la DCRI n’a pas fait preuve d’une diligence particulière pour retrouver cette adresse. Quand les services de la DCRI veulent avoir un renseignement rapide et qu’ils estiment qu’il y a urgence, ils trouvent très vite !” ironise Patrick Baudoin, l’avocat des familles des moines. “Le juge Trévidic est très déterminé, il va donc donner de nouvelles instructions écrites à la DCRI pour retrouver cet homme”.

Le témoignage de cet agent à la retraite, recherché par le juge Trévidic, pourrait s’avérer capital. L'homme aurait rencontré, le 30 avril 1996 à l’ambassade de France à Alger, celui qu’on a longtemps appelé “l’émissaire” : un Algérien envoyé par les islamistes qui auraient enlevé les moines. Cet émissaire avait en sa possession ce jour-là une cassette, preuve de vie des sept otages.

Le chef de poste de la DGSE à Alger en sait donc certainement beaucoup sur cet épisode. D’où l’impatience du juge Marc Trévidic de pouvoir procéder à son audition en qualité de témoin. Patrick Baudoin est aujourd’hui persuadé que la Direction des services extérieurs a pu jouer un rôle clé. “Dans ce dossier, au fil des mois, on découvre des choses nouvelles, cela veut dire que des éléments ont été dissimulés. Et notamment par les services français, bien évidemment !”, insiste l’avocat des parties civiles.

Contactés, les services de la DGSE ont laissé entendre qu’ils avaient transmis à la DCRI les éléments nécessaires afin de retrouver leur ancien agent. La DCRI, elle, n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Elodie Guéguen

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