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Menacé de mort pour avoir témoigné

C'est une histoire que nous étions les premiers à vous raconter sur France Info, le 4 octobre dernier : un témoin clef dans une affaire de meutre vit depuis plus de quatre ans comme une bête traquée, caché par crainte de représailles. Il a été reçu ce matin au ministère de la justice.
Article rédigé par franceinfo
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Amor Kaak regrette aujourd'hui de n’avoir écouté que sa conscience... ou de s'être cru dans un feuilleton américain. En janvier 2003, il a surpris une conversation louche dans un snack-bar de Grenoble : deux hommes envisagent à voix basse d'intimider un petit dealer en lui tirant une balle dans la jambe. Quelques jours plus tard, le cadavre du trafiquant est découvert. Amor Kaak fait immédiatement le rapprochement et va confier à la police ce qu'il a entendu. Cinq personnes sont dénoncées. Les enquêteurs proposent à Amor de dévoiler son identité et de témoigner à visage découvert. Il accepte, pensant aider la justice.

Pendant quatre ans, l'homme se cache pour survivre. En janvier dernier, le procès des cinq auteurs présumés de l’assassinat s'ouvre enfin devant la Cour d’Assises de l’Isère. L'accusation repose sur le seul témoignage d'Amor Kaak et la défense obtient un non-lieu général. Les cinq accusés sont acquittés, faute de preuve.

Quelques semaines plus tard à Grenoble, deux fusillades font deux morts, dont l'un des acquittés du procès. Amor craint d'être la prochaine victime des règlements de comptes entre bandes rivales de trafiquants. Il a trop parlé et le sait. Il quitte Grenoble, change de travail, abandonne son logement, erre aux quatre coins de France, dort sous les ponts, vit de petits boulots, dépossédé de tout, même d'un statut. Car en France, les témoins à charge ne peuvent bénéficier de protection juridique ou policière.

Alors Amor Kaak décide de frapper un grand coup : il poursuit l'Etat devant le tribunal administratif, demande réparation pour le préjudice subi et s'affiche. Au grand jour. Car la médiatisation pourrait être la meilleure des protections.

Anne Jocteur Monrozier

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