Le procureur de Dunkerque annule sa décision de report des incarcérations
L'affaire nourrira sans doute le vieux débat sur la non indépendance des parquets vis-à-vis du pouvoir. Le procureur de Dunkerque a appris, ce vendredi soir, que sa marge de manœuvre s'arrêtait au fil qui le relie à sa hiérarchie. Il est revenu sur la décision choc, révélée ce matin, de suspendre les incarcérations jusqu'au 5 septembre, du moins les moins graves, en raison de la surpopulation dans la prison de la ville.
Le magistrat a expliqué que ses “obligations hérarchiques” l'obligeaient à faire machine arrière. Il a reçu par écrit une instruction du procureur général de Douai, qui venait elle-même de plus haut : “les instructions du garde (des Sceaux), je les exécute. Ma décision initiale était très factuelle (...) et liée à une situation locale particulière. Il ne s'agissait pas du tout d'empêcher une exécution de peine ou de ne pas respecter les instructions du ministère”.
Pour justifier sa première décision, qui datait du 25 juillet, le procureur de Dunkerque expliquait que “sur Dunkerque, on doit être à 150 personnes détenues pour 100 places. Quand vous faites coucher des gens sur des matelas, vous vous heurtez aux obligations liées au respect de la vie humaine, aux problèmes d'hygiène, au risque de violences...”. Seules les peines d'emprisonnement pour des faits de nature sexuelle devaient être exécutées immédiatement, selon ses premières instructions. Elles avaient été saluées par les syndicats des personnels pénitentiaires et par le syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche).
Grégoire Lecalot, avec agences
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