Le débat sur les procès filmés est relancé
La déclaration est pour le moins officielle. C'est en effet lors de l'audience solennelle de la cour d'appel que le procureur général de Paris a émis son avis : Laurent Le Mesle se dit "très favorable à ce que - à des conditions exactement précisées et
dans le cadre d'un rigoureux cahier des charges - les prétoires s'ouvrent aux
caméras".
La raison ? "La curiosité immense des Français pour les affaires de justice" à laquelle "on ne peut sans cesse opposer un refus". Et cela aurait des conséquences positives, assure le procureur : "en se montrant, la justice française montrera qu'elle a des
contraintes terribles et que, finalement, elle est d'une qualité plus
qu'honorable".
Vers une justice spectacle ?
Pourtant, l'idée est loin de faire l'unanimité. Interdite par la loi du 6 décembre 1954, la captation des débats judiciaires risque, pour ses détracteurs, de transformer la justice en "spectacle". Et de porter atteinte aux droits fondamentaux des justiciables, comme la présomption d'innocence ou le droit à l'image.
Cependant, la loi dite "Badinter" de 1985 a autorisé l'enregistrement d'audiences "présentant un intérêt pour la constitution d'archives historiques de la justice". Ce fut le cas notamment des procès de Klaus Barbie ou de Maurice Papon.
Quelques autorisations exceptionnelles ont également été accordées, comme à Raymond Depardon, qui a filmé en 2003 le quotidien du tribunal correctionnel de Paris pour son documentaire "10ème chambre, instants d'audience".
En 2005, la commission Linden, installée par le ministre de la Justice de l'époque Dominique Perben, avait rendu un avis favorable à l'enregistrement vidéo des audiences. Mais l'avait soumis à une série de règles très strictes, tel le consentement obligatoire des
parties ou l'interdiction de tout montage.
Céline Asselot
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