Le crash Rio-Paris aurait pu être évité selon le rapport de deux pilotes
Les conclusions de Gérard Arnoux, commandant de bord sur A320 et président du Spaf, et d'Henry Marnet-Cornus, commandant de bord à la retraite sur A340, sont sans appel. Ce sont bien les sondes Pitot qui seraient à l'origine du drame. C'est ce que révèle leur rapport que s'est procuré le JDD et qui doit être remis aux juges Sylvie Zimmermann et Yann Daurelle dans les prochains jours. “Un tel événement ne se résume pas à une cause unique. Mais il est une vérité incontestable que nous devons marteler sans relâche: sans la panne des sondes Pitot, il n'y aurait pas eu d'accident”, affirme Gérard Arnoux dans un
entretien au JDD.
Pour Michel Polacco, spécialiste de l'aéronautique à Radio France, il n'y a aucune révélation d'un point de vue factuel. Seule l'analyse des faits est nouvelle.
Ce rapport va en tout cas à l'encontre des premières conclusions du Bureau d'enquête et d'analyse (BEA) en juillet dernier. «C’est un élément mais ce n’est pas la cause», avait affirmé à l'époque à propos de la défaillance des sondes Alain Bouillard, chargé de l’enquête au BEA.
Selon Gérard Arnoux, “le BEA cherche à minimiser le rôle joué par les Pitot parce qu'il n'a pas diligenté les enquêtes que les lois et règlements lui imposaient de faire depuis au moins le signal d'alarme tiré par son homologue allemand en 1999, et en tout état de cause depuis les incidents de 2008”. Selon une note interne diffusée en juin aux pilotes, Air France a connu au total neuf incidents de givrage des sondes Pitot entre mai 2008 et mars 2009, dont huit sur des avions long-courrier A340 et un sur un A330.
«Tous les acteurs ont sous-estimé le problème
des sondes», assène également Gérard Arnoux. citant Air France, Airbus, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et l'Agence européenne de sûreté aérienne (AESA).
L'objectif de cette contre-enquête est de «tordre le cou à la thèse selon laquelle sans les boîtes noires nous ne saurons pas ce qui s'est passé et qu'il nous faudrait oublier nos morts au fond de l'océan» , explique le président du Spaf. Le BEA avait suspendu provisoirement le 20 août la recherche des boîtes noires de l'AF 447. Il avait affirmé que les recherches devaient reprendre à l'automne, sans en préciser la date.
Le 1er juin dernier, l'avion du vol AF447 entre Rio et Paris s'était écrasé en mer en plein océan Atlantique. Parmi les 228 passagers, il n'y avait eu aucun survivant. 72 Français avaient trouvé la mort.
Jean-Louis Dell'oro
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.